Lui, c’est l’emblème de la réussite de l’entrepreneuriat local. Sa société MAP, Mayotte Assainissement Propreté, de vidange des fosses septiques, Tanchiki Maoré l’a créée il y a 7 ans. Pour l’identifier, il a peint ses camions en rose, « parce que ça ne sent pas la rose. » Puis, il a craqué pour les longues limousines de type américaines, et lancé Mahorais Bling Bling, qui les propose à la location pour les mariages ou autres.
Enfin, avec Mahorais Intervention Propreté, de désinfection des caniveaux et bennes, ce sont 32 emplois qu’il aura créés au total.
La Fondation d’entreprise MMA des Entrepreneurs du Futur veut soutenir et encourager les initiatives, l’innovation et la capacité des entrepreneurs et des territoires à tirer parti des mutations démographiques, environnementales, technologiques et celles liées aux nouveaux usages.
« Un discours qui vient du cœur »
Sur 400 dossiers au départ, 250 ont été retenus, puis 13 lauréats, et notre entrepreneur a terminé 3ème , et seul ultramarin ! « J’étais très ému, on m’a demandé de revenir sur mon projet, mon parcours, et mon action pour développer Mayotte. Les 43 membres du jury ont été touchés que, malgré la situation sociale que Mayotte traverse actuellement, j’arrive à faire un peu de positif. » On pouvait lui faire confiance, lui qui a l’art de faire sonner juste les mots de ses discours.
L’émotion fut donc partagée s’il on en croit son entourage. Car c’est Jean-Pierre Raffarin, Vice-président du Sénat, Ancien Premier ministre et Président de la Fondation Prospective et Innovation, qui a remis à notre candidat mahorais son prix, comme nous le rapporte un de ses amis : « Il s’est dit très touché par le discours de Tanchiki, ‘un discours qui vient du cœur’, a précisé l’ancien premier ministre ».
Il faut dire que son parcours professionnel, il l’a commencé avec un vieux camion, « si vieux qu’il était classé en véhicule de collection. » Puis ce sont ses fonds propres, ses économies, qui vont lui permettre de se développer
« Je veux redistribuer »
Actuellement, toutes activités confondues, il possède 16 camions et a toujours une forte volonté de développement, « notamment d’une reprise d’un projet touristique, et de création d’une alternative maritime aux transports terrestres et ses routes engorgées. »
C’est une bouffée d’espoir dans le sombre contexte que traverse Mayotte : « Nous ne devons pas perdre espoir, nous avons tout pour réussir à Mayotte », s’entête-t-il. C’est d’ailleurs ça le secret de sa réussite : ne jamais baisser les bras, y croire.
Il n’avait pas hésité à faire venir l’humoriste Gohou à Koungou peu après les tensions sociales de 2011, avec une organisation au cordeau, incluant les jeunes du village. Sans aucun raté. Prouvant que l’implication de nos jeunes dans les activités est le meilleur gage de réussite d’un manifestation. Et surtout, il a la réussite communicative, « je veux redistribuer, je n’oublie pas que je viens de la rue comme ces jeunes. »
C’est une soirée qui couronne donc le talent mahorais en espérant qu’il fasse des émules.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte