«Où en sommes-nous aujourd’hui? Où voulons-nous aller? A-t-on bien fait jusqu’ici? Comment faire mieux si nécessaire?» Ce sont les questions clés auxquelles souhaite répondre le Parc marin pour trouver le bon vent qui va le faire avancer. Et pour y parvenir, il se dote d’un «tableau de bord» qui va lui permettre d’avoir une vision complète de son travail. Tous ceux que cela intéresse, les acteurs du lagon, les partenaires du Parc comme le grand public, y trouveront un accès aux dossiers portés par le Parc.
Car le PNM ne fait pas ce qu’il veut. Il doit mener à bien des objectifs qui sont fixés dans son plan de gestion. Il est question de protection du patrimoine naturel, de la bonne qualité de l’eau du lagon, de la valorisation de la culture maritime ou encore du développement durable des usages traditionnels, de loisirs et des activités économiques…
Logiquement, ce tableau de bord reprend les 8 chapitres du plan de gestion. Chacun est doté d’un certain nombre d’indicateurs, présentés sous forme de pictogrammes colorés, qui vont donner une vue synthétique et simplifiée de la situation. «Chaque indicateur constitue ainsi un levier qui permet au conseil de gestion de piloter les actions, d’asseoir ses avis et de justifier ses recommandations», explique le Parc.
Des indicateurs, du rouge au bleu
Parmi les indicateurs bien notés, on trouve le suivi des «changements globaux» du milieu marin lié au climat. Il est vert et donc qualifié de «bon». Le PNM estime qu’«avec le déploiement d’un réseau de onze sondes dans le lagon pour mesurer toutes les dix minutes la température, la pression et la salinité, ainsi que les suivis faits lors des épisodes de blanchissement corallien, le Parc est en mesure d’assurer un suivi des changements globaux et de leurs effets sur les principaux récifs de l’île».
Mais tous sont loin d’être aussi positif. Par exemple, l’indicateur «Dugong» est rouge comme «très mauvais»… avant peut-être de revêtir le noir du deuil. Car l’espèce est toujours au bord de la disparition dans nos eaux. Alors que les individus sont moins de 10, un cas de braconnage a porté «un coup dramatique aux objectifs de conservation» de l’espèce à Mayotte.
Enquête auprès de la population
Le Parc a également créé 9 indicateurs à partir d’une enquête menée auprès des Mahorais et des touristes en octobre 2015. Elle a permis de savoir qu’elle est leur connaissance et leur perception sur différents thèmes autour du milieu marin: les métiers de pêcheur et d’aquaculteur, les activités liées à la mer, la règlementation des activités maritimes, les missions du Parc…
Notre «connaissance du milieu marin» est ainsi considérée comme «moyenne». D’un côté, le parc note que «la connaissance de la vulnérabilité de certaines espèces ou habitats est acquise pour les espèces les plus emblématiques» comme les mammifères marins, les tortues marines, les récifs coralliens ou les mangroves, mais les menaces qui pèsent sur les autres espèces du lagon, comme les requins, les raies ou les poulpes, «restent souvent méconnues».
Le parc en a profité pour tester sa notoriété. Cette fois, l’indicateur est «très mauvais» avec à peine 44% des personnes interrogées qui connaissent son existence.
Cette enquête sera reconduite tous les 2 ans, pour pouvoir mieux cibler et adapter les actions de sensibilisation et de communication.
29 indicateurs finalisés sur 67
Ce tableau de bord est présenté par le Parc comme une première esquisse car il est encore en construction. «A l’heure actuelle, sur les 67 indicateurs envisagés dans ce tableau de bord, 29% ont été finalisés», explique le Parc mais pour le 2 édition du tableau de bord, 70% des indicateurs devront être validés.
Mais sachant que des indicateurs comme l’«effort de pêche pélagique», les «tortues marines» ou les «herbiers» seront déterminés en fonction des suivis scientifiques, il faudra donc un peu plus de connaissances et de recul pour les évaluer correctement.
«C’est pourquoi, une part des indicateurs du tableau de bord sont voués à ne pas être renseignés pendant encore plusieurs années, le temps d’avoir assez de données pour construire des grilles d’évaluation pertinentes», conclut le Parc.
Mais ceux dont nous disposons permettront déjà de suivre l’évolution de nombreux aspects du lagon au fil du temps.
RR
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