Une soixantaine de salariés de MCG à Longoni inquiets pour leur avenir

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Salim Nahouda: "Longoni, lâché par l’État en 2012"
Salim Nahouda se fait le porte-parole d’une partie des salariés de MCG

Dans un courrier adressé ce mardi 14 juin à la présidente de Mayotte Channel Gateway, Salim Nahouda, le secrétaire général de la CGT Ma, se fait le porte-parole non pas des salariés de l’aconier SMART cette fois, mais des propres salariés d’Ida Nel. Plus particulièrement de la soixantaine qui avait été transférée en 2013 de la Chambre de commerce et d’Industrie (CCI) de Mayotte, alors gestionnaire du port, à MCG qui avait remporté la Délégation de service public (DSP) du conseil départemental.

« Ces salariés sont inquiets de leurs situations », souligne la CGT Ma qui pointe trois griefs principaux. En premier lieu, l’absence de contrat de travail, « alors que la date limite était le mois d’avril 2014, conformément aux articles 36 à 38 et l’annexe 14 de la DSP ». Un article qui précise que les agents de la CCI basculent automatiquement chez MCG, ce sera leur seul lien avec l’entreprise.

Une CCNU qui n’en a que le nom

Salariés de MCG en grève (Photo D.R.)
Une partie des salariés de MCG en grève il y a quelques jours pour réclamer des horaires Ramadan qu’ils ont obtenus (Photo D.R.)

Le même article prévoit aussi la conclusion de contrats de travail de droit privé pour ce même personnel « sous un délai de six mois », ce qui n’aurait pas été fait, malgré un premier courrier de la CGT Ma à la présidente de MCG du 10 mars dernier. « Sans contrat de travail, c’est compliqué pour nous de souscrire un prêt bancaire », souligne un salarié qui souhaite garder l’anonymat. Ce n’est d’ailleurs pas une fronde généralisée, et ils y vont sur la pointe des pieds les salariés, pour défendre leurs revendications, « certains ont peur pour leur emploi. »

Autre demande, l’application de la Convention collective nationale unifiée (CCNU) Ports et manutention, qui régit ces professions en métropole. Elle ne serait pas appliquée, selon la CGT Ma. En réalité, les choses sont moins claires : officiellement, cette convention serait bien mentionnée, mais non déclinée dans les faits, « nous n’avons pas de mutuelle, alors qu’elle doit être prise en charge à 50% par l’entreprise, ni d’indemnités pour travaux pénibles, incommodes ou insalubres, ou le supplément d’assiduité les dimanches et jours fériés, pas de comité d’hygiène de sécurité et de condition de travail », etc. La liste est longue.

Possible action syndicale

Les grues et les matériels de MCG sur le port de Longoni
Les grues et les équipements portuaires de MCG sur le port de Longoni

Ce qui étonne le syndicat, c’est que cette CCNU avait bien été appliquée à la CCI à la fin d’un conflit social en novembre 2010, dans un protocole signé par Ida Nel elle-même, alors présidente de la Chambre.

Enfin, et c’est peut-être le plus étonnant, ces salariés n’ont plus de bulletin de paie, « depuis janvier 2016 ». S’ils n’ont pas levé le petit doigt avant, « c’est que nous étions divisés », justifient-ils. Le syndicat reproche aussi des périodes de paie non respectées.

Nous avons contacté MCG pour avoir leur version des faits, mais les tentatives furent vaines : « Nous n’avons pu joindre le responsable des ressources humaines, ni Ida Nel », nous répondait son service de communication.

Ce 14 juin, la CGT Mayotte se fait plus menaçante que dans ses précédents courriers, en demandant que des contrats de travail et des bulletins de paie soient établis, « faute de quoi le personnel soutenu par la CGT Ma utilisera les moyens qui lui sont offerts pour le respect de ses droits. »

Les salariés sont d’autant plus inquiets que l’ambiance est aux licenciements annoncés comme économiques pour cinq cadres de l’entreprise. Ils nous ont fait comprendre qu’ils allaient laisser passer la période de ramadan, avant une possible action syndicale.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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