«Les résultats que nous allons annoncer sont plutôt bons». Marie Joseph Malé, le PDG d’Air Austral a de quoi être satisfait, 10 jours après le lancement couronné de succès de la ligne directe Mayotte-Paris. Les voyants de la compagnie repassent au vert pour l’exercice 2015-2016. Car ces résultats sont meilleurs que ceux prévus dans le budget prévisionnel qui prévoyait 6 millions d’euros de bénéfice. La grève des pilotes aura finalement eu un impact moindre qu’annoncé dans un premier temps. Le PDG évoque un coût final de 1,5 million d’euros.
«Ewa est également bénéficiaire comme annoncé en dépit d’un fuel 40 % plus cher à Mayotte», précise Marie-Joseph Malé. C’est une bonne nouvelle alors qu’Air austral estime que l’ouverture de la ligne directe conforte la compagnie «mahoraise», qui permet ainsi à Pamandzi de jouer un rôle de petit hub vers les Comores, la côte Est africaine et Madagascar.
«Le vol direct est venu renforcer ce principe. Depuis l’ouverture de la liaison directe, nous avons eu entre 15 et 20 passagers en correspondance à Dzaoudzi sur Ewa vers Nosy-Be, Diego-Suarez et Moroni. Vingt passagers, c’est le tiers d’un ATR72. Pour accompagner ce développement, Ewa va avoir un deuxième ATR72 fin octobre, début novembre», précise Marie-Joseph Malé.
Un vol direct, parfois à étape
Mais ce vol «direct» ne l’est pas toujours. Ainsi, dès le 14 juin dernier soit 4 jours après l’ouverture de la liaison, le 787 a dû faire une escale technique à Nairobi sur la route de Paris. Une situation qui était annoncée, précise le PDG. «Nous respectons ce que nous avons dit à savoir 60% de vols directs, 40% avec une escale technique à Nairobi qui n’est qu’une étape. Les calculs réalisés par Boeing sur toute une année à partir des conditions météorologiques locales et qui ont été déterminants dans le choix du 787 penchent plutôt pour 70% – 30%. Cela n’empêche pas des phénomènes exceptionnels même en dehors de la saison des pluies. C’est ce qui s’est produit le 14 juin avec de fortes averses sur Dzaoudzi».
Marie-Joseph Malé réfute également le terme de «panne» avant le vol inaugural. Il évoque un simple «changement de pièce», «ce qui peut arriver même sur un avion neuf et ce qui est arrivé par le passé lors de la mise en ligne des 777».
Si l’anecdote a pu faire sourire, elle a tout de même posé la question de l’acquisition des premiers avions de la série de 787, qui avaient du mal à trouver preneurs. «Avec ces deux 787, nous avons fait une excellente affaire», tranche le PDG. «Normalement, ils sont plus lourds de 2,5 tonnes par rapport à un appareil mature, qui sort de la ligne de production aujourd’hui. Mais nous avons eu une bonne surprise à la pesée. Ils ne sont qu’à une tonne de plus. Ce surpoids a vraiment une incidence sur la consommation pour les trajets très longs, de plus de 12 heures ce qui n’est pas notre cas. Notre premier 787 a des performances très proches de celles des avions matures», affirme-t-il.
Cap sur l’Asie
L’arrivée en octobre du second 787 devrait permettre l’ouverture d’une liaison vers Bangkok depuis La Réunion au moment où la compagnie affirme également vouloir réussir l’Inde et la Chine. L’Empire du milieu sera relié en partage de code avec Air Madagascar avant la fin de cette année à raison de deux vols par semaine sur lesquels les deux compagnies commercialiseront 130 sièges chacune, 50 vendus sur le marché océan indien, 80 sur le marché chinois.
L’ouverture de Guangzhou par Air Mauritius en juillet ne modifiera donc pas le choix d’Air Austral de mettre en place ce vol direct sans passer par Maurice. Et la sortie d’Air Madagascar de la liste noire de l’Union européenne est évidemment un atout.
Enfin, avec l’arrivée de ce 2e Boeing 787, la compagnie devrait dévoiler les nouvelles tenues de ses personnels. «Il s’agit d’un gros travail d’un groupe projet de 40 personnes», souligne le PDG.
RR
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