A première vue, le constat d’échec est bien plus profond que dans le sud : les quatre communes du nord, Mtsamboro, Acoua, Bandraboua et Koungou, sont les seules à n’avoir pas encore élu leurs conseillers communautaires, qui doivent siéger à la communauté des communes.
Pour mémoire, le périmètre des quatre intercommunalités, nord, sud, ouest et Petite Terre, et la communauté d’agglomération Mamoudzou-Dembéni, avait été fixé par l’ensemble des maires à l’issue de la réunion de la Commission départementale de coopération intercommunale du 20 janvier 2015. Et validé par le préfet avec l’espoir d’une finalisation avant le 31 décembre 2015.
Six mois après, les deux premières sont toujours en échec. Les décisions de l’interco sud n’ont pas été validées, et au nord, les conseillers communautaires n’ont pas été élus. Et pour cause, trois des maires ne parviennent pas à s’entendre avec le 4ème, le maire de Koungou Assani Saindou Bamcolo. Ce dernier n’a pas bougé d’un iota dans sa détermination de vouloir présider l’interco, « nous versons la plus grande quotte part et à nous seuls, nous totalisons la moitié des conseillers communautaires », nous avait-il précisé.
Koungou cumule la moitié des conseillers
Une hérésie pour les autres maires qui reprochent un cumul, « il préside déjà le syndicat de déchets SIDEVAM 976, où il a déjà fort à faire. Tant pis, nous nous passerons de lui », répondent les trois autres communes qui font front. Et qui ont toutes délibéré dans la foulée pour demander au préfet de dissoudre l’intercommunalité nord, avec le périmètre que l’ont connaît, « et pour en créer une nouvelle sans Koungou », explique Harouna Colo, le maire de Mtsamboro.
Ils reprochent notamment au maire de Koungou ses absences lors des travaux préparatifs à la création de la communauté de communes, « qu’est ce qui nous dit qu’il va se mettre à travailler, et dans le sens de l’intérêt général ?! » La commune de Koungou bénéficie de la moitié des conseillers, 19 sur les 38 de l’interco, la répartition se faisant en fonction de la population de chaque commune. Les autres se répartissent donc les 19 autres, 9 pour Bandraboua, 6 à Mtsamboro et 4 à Acoua.
Un déséquilibre qu’ils ressentent comme une menace : « Koungou peut mener sa politique en solitaire. Nous devons réagir maintenant. » C’est donc une petite intercommunalité, la plus petite de Mayotte (22.651 habitants), après Petite Terre (24.203 hab) qui se constitue. Qui la présidera ? Bandraboua, d’après le nombre d’élus ? « Nous verrons, ce n’est pas un soucis, nous nous entendrons », répond Harouna Colo.
Pas de conseiller communautaire, pas de bureau exécutif, « nous n’avons donc jamais voté de budget, démarrant ainsi de zéro. » Ils espèrent obtenir le budget alloué par l’Etat pour 2017, « nous devons pour cela être opérationnels avant le mois de janvier », espère-t-il. Jusqu’à présent le préfet avait demandé à la Chambre régionale des Comptes d’arrêter un budget pour l’intercommunalité du nord, mais sur la base des 4 communes.
Une nouvelle entité impliquerait donc un nouvel arrêté du préfet, sur un cas de figure peu commun. Selon nos informations, ce dernier devrait trancher début juillet.
Que deviendra Koungou ? La deuxième plus grosse commune de Mayotte ne peut que se tourner vers l’est et rallier la communauté d’agglomération Mamoudzou-Dembéni, ce qui en ferait une méga-entité. A Koungou on se dit qu’on n’a rien à perdre, « notre participation de 4 millions d’euros à l’interco dépassait l’apport cumulé des trois communes du nord ! »
Ils l’apporteront donc au pot de la communauté d’agglo, dont elle partage les mêmes problématiques urbaines, notamment d’engorgement des routes et de recherche de solutions alternatives.
La balle est malgré tout dans le camp de Koungou, dont les trois anciennes partenaires attendent un assouplissement de la position comme tout préalable au retour à la maison interco !
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte