L’affaire jugée hier lundi après-midi en comparution immédiate se résume en deux phrases. L’homme a tenté de sortir du supermarché Score de Combani vendredi dernier avec une bouteille de whisky cachée dans ses sous-vêtements. Intercepté par l’agent de sécurité, il a été remis aux gendarmes après avoir restitué la bouteille.
A priori, rien de bien méchant… Sauf que le bonhomme est bien connu, trop bien connu du magasin, des forces de l’ordre et de la justice. «Je n’ai pas l’habitude de voler. Je ne suis pas un voleur», se défend-il à la barre… Le tribunal est sceptique.
Il a déjà été condamné et de nombreuses fois. Il y a moins d’un an, le 10 octobre 2015, la peine était de 3 mois de prison ferme pour un vol avec effraction. Le 10 juillet 2015, il avait pris 3 mois de prison, dont deux avec sursis et mise à l’épreuve, pour le vol d’un congélateur et d’ustensiles de cuisine après avoir forcé le cadenas d’une habitation.
«C’était pas moi, le congélateur. Je l’ai bien dit», précise-t-il à la barre. «Vous savez, même si vous avez été condamné à tort, ils vous reste encore pas mal de condamnations»… relève le président Lameyre qui poursuit la longue liste de son casier judiciaire.
Toujours SDF et sans activité
Violences avec arme le 17 mars 2015 avec un couteau et un rondin de bois planté de clous contre une femme (4 mois de sursis avec mise à l’épreuve), recel de vol de 5 paires de chaussures le 24 février 2015 (4 mois avec sursis) et 90 heures de travail d’intérêt général (TIG) le 26 novembre 2014 pour un vol aggravé.
«Et ce n’est pas fini», poursuit le magistrat. «Vous êtes convoqué le 13 septembre prochain pour un vol à l’étalage. Là, ce n’était pas une bouteille de whisky, c’était un sac de riz de 20 kilos»… A chaque fois, ces méfaits ont été commis à Combani, sur fond d’alcoolisation.
Malgré toutes les chances qui lui ont été données pour décrocher de la bouteille, pour suivre des formations et s’insérer, le tribunal ne parvient pas à comprendre que le prévenu soit encore sans domicile fixe et sans activité. «C’est la faute à pas de chance. C’est la faute aux employeurs», explique-t-il.
Une peine plus lourde que les réquisitions
«Quand on a tout essayé et qu’on entend que c’est la faute à pas de chance, c’est la preuve que ce monsieur n’a toujours pas pris conscience de ses responsabilités», dénonce le procureur Léonardo. «On a beau lui expliquer qu’on ne fait pas ce qu’on veut dans la vie, lui, il veut continuer à faire sa loi». Il requiert 10 mois de prison ferme et le maintien en détention, «pour que les habitants de Combani aient la paix».
Me Andjilani, son avocat, va tenter de plaider pour une peine moins lourde, comme par exemple de nouvelles heures de TIG «pour qu’il comprenne qu’il y a d’autres choses à faire dans la vie que de voler». Mais le tribunal va trancher en faveur d’une peine lourde, supérieure aux réquisitions du procureur.
L’homme est condamné à 10 mois de prison ferme auxquels s’ajoutent 2 mois de révocation d’une peine de sursis plus ancienne. L’amateur de whisky est donc parti pour un an à Majicavo. «Peut-être que cette lourde peine d’emprisonnement vous amènera à changer de comportement», espérait le président Lameyre.
RR
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