L’aéroport de Mayotte espère sortir gagnant d’une compétition sur les prix des billets

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Aéroport Mayotte
L’aérogare de Mayotte

Une toute petite hausse synonyme de stagnation. Le trafic passager à l’aéroport de Mayotte n’a progressé que de 0,2% sur les six premiers mois de l’année comparés à la même période de 2015. «Nous avons traité 146.601 passagers de janvier à fin juin», annonce au JDM Daniel Lefebvre, le directeur de la SNC Lavalin et de la Société d’exploitation de l’aéroport de Mayotte (SEAM). Ce sont donc à peine 260 passagers supplémentaires qui sont passés par Pamandzi.

Cinq des sept compagnies qui opéraient déjà en 2015 ont des chiffres orientés à la baisse. C’est toujours le repositionnement de la compagnie XL Airways qui pèse le plus sur les chiffres. La compagnie qui n’est plus présente que durant les périodes les plus porteuses, a réduit ses vols de 81% (2 vols contre 11 l’an dernier). Conséquence, le nombre de ses passagers s’écroule de plus de 79%, avec 454 personnes transportées depuis le début de l’année (contre 2.220 l’an dernier à la même époque).

Autre repositionnement, celui d’Air Madagascar. «Ils ont nettement recentré leur production sur Tananarive, en maintenant quelques vols sur Majunga», précise Daniel Lefebvre. Les vols de la compagnie malgaches sont en baisse de 22,8% et le nombre de ses passagers de 11%, enfonçant la barre symbolique des 10.000 (9.203).

Corsair, grande gagnante de la période

Les deux principales compagnies de notre aéroport sont à la peine sur le début de l’année. Ewa Air est certes solidement installée à la 2e place de l’aérien mahorais. Mais avec plus de 21.500 clients, elle a transporté 5,6% de passagers en moins que l’an dernier. La situation est étonnante compte tenu du succès de ses liaisons vers les Comores et Madagascar. Les problèmes techniques, nombreux sur les 6 premiers mois de l’année, ont pesé sur l’activité.

AVION AIR AUSTRALL’autre surprise négative vient d’Air austral qui a transporté un peu moins de 76.000 passagers (-2,94%) mais avec un nombre d’avions bien plus important (784, soit +79%). «Le 777 a été écarté en novembre et le remplacement par les B.737 et le tout cargo, n’a pas été à la hauteur des besoins. La pénurie de sièges sur l’axe Réunion a été évidente sur certaines périodes», note Daniel Lefebvre.
Kenya Airways affiche également un léger repli.

Deux compagnies tirent leur épingle du jeu. La petite Int’Air îles progresse de plus de 3% (avec plus de 7.762 passagers). Et la grande gagnante sur la période est Corsair qui s’envole. Elle dépasse à présent la compagnie kenyane grâce à une progresse de plus de 9% du nombre de ses passagers (+1.200 soit 13.716 passagers). Elle capte de façon très nette la clientèle délaissée par XL Airways.

A noter l’arrivée d’AB Aviation qui capte plus de 5.200 passagers vers les Comores.

Vers une compétition sur les prix

Les résultats de ce début d’année éloignent donc encore une fois notre aéroport de ses objectifs de croissance. «Si on termine l’année à +3% ou +4%, ça serait bien». Car la 2e partie de l’année devrait être bien différente. Certes, Int’Air îles a été clouée au sol durant 3 semaines pour raison administrative. Mais son retour est intense avec un nombre de rotations bien supérieures aux plans de vols initiaux.
La ligne directe pour Paris opérée par Air austral devrait également changer la donne.

«Nous allons aussi retrouver des prix. Pour La Réunion, nous sommes actuellement sur des allers-retours à environ 320 euros. Jusqu’au mois de juin, on était plutôt à 650 euros en classe éco», relève Daniel Lefebvre. Ces prix pourraient ainsi offrir des opportunités à de nouveaux voyageurs d’autant que Corsair se positionne sur deux vols par semaines sur Mayotte-Réunion, avec une possible compétition sur les prix.

Fret et commerces en hausse

2014 : les nouvelles banques d'enregistrement de l'aérogare de Pamandzi
Les banques d’enregistrement de l’aérogare de Pamandzi

Pour l’aéroport, d’autres indicateurs sont au vert. Dans les avions, les taux de remplissage sont actuellement «très bons», à tel point que ce sont parfois près de 500 passagers qui débarquent de deux vols différents à une demi-heure d’intervalle… de quoi provoquer un peu d’attente pour la livraison des bagages. L’aéroport de Mayotte a connu un pic de 2.100 personnes en une seule journée pendant cette période de vacances.

De la même façon, l’activité des commerces connaît une belle croissance, à deux chiffres. Les passagers ne sont pas plus nombreux, mais ils achètent davantage. «L’offre, en particulier en duty free, s’est adaptée à la cible».
Le fret augmente de 2,56% au 1er semestre et le fret postal de 3,88%.

Un hôtel de 100 chambres

La SEAM peut donc regarder sereinement deux autres dossiers importants. Les travaux de transformation de l’ancienne aérogare en immeuble de bureaux ont commencé au début du mois. La livraison est prévue pour début 2017.

Quant au projet hôtelier, redémarré à zéro après la défection du groupe précédemment retenu, il entre dans une nouvelle phase. Un programme est entré en discussion exclusive et le bouclage du projet pourrait intervenir d’ici à quelques semaines. Cet hôtel trois étoiles disposerait de 100 chambres, contre 60 pour l’ancien projet. L’investissement serait de l’ordre de 16 millions d’euros, porté par de «bons professionnels du secteur».

Le point de crispation majeur reste donc encore la zone de sécurité en bout de piste imposée par les réglementations européennes pour 2018. La solution innovante retenue éviterait de déplacer la mosquée, d’allonger la piste côté lagon ou de réduire la longueur de la piste. Mais l’aéroport n’a pas été intégré jusqu’à présent aux plans des fonds européens. La SEAM espère qu’il n’en sera pas de même dans l’avenir. «On souhaite que tout le monde prenne conscience que nous sommes un outil indispensable au développement économique de Mayotte», conclut Daniel Lefebvre.

RR
www.lejournaldemayotte.com

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