La boite de tomate en conserve que vous achetez dans votre supermarché est sur les rayons, notamment grâce au transitaire. C’est lui qui gère l’importation de tous les containers sur le port de Longoni.
Réunis en syndicat, ils font entendre leur voix depuis l’application officielle des nouveaux tarifs de Mayotte Channel Gateway, la gestionnaire du port. Nous ne reviendrons pas sur la logique économique qui les a fixé, ni sur le raisonnement politique qui a poussé le président du département à les accepter, mais ils provoquent des réactions en chaîne, chaque acteur revoyant ses propres tarifs pour les amortir. Avec à la fin, le prix de la boite de conserve sur son rayon de supermarché.
Ces derniers jours, ce sont les transitaires qui élèvent la voix. Dans un courrier adressé ce mercredi 7 septembre à Ida Nel, présidente de MCG, ils rappellent que les frais des portiques de manutention RTG ont été facturés dès le 12 juin aux opérateurs du port avant même que ceux-ci soient validés par le conseil portuaires, ni par le conseil départemental.
L’esprit du service public
Ils l’ont été depuis, avec une mise en application qui devait prendre effet le 1er janvier 2017, et avancée « à titre exceptionnel » par la volonté du président du département Soibahadine Ibrahim Ramadani. « Le syndicat est donc de droit de vous réclamer l’ensemble des avoir des factures RTG émises depuis juin 2016 », réclament les transitaires.
En réponse, Ida Nel les a informés qu’à partir de ce lundi 12 septembre 2016, toutes les factures devront être payées au comptant, sous réserve de ne pas récupérer les containers.
Les transitaires s’étouffent et en appellent à l’esprit de la DSP : « En acceptant la délégation de service public (DSP) vous vous êtes engagée à respecter la notion de service public ». Ils rappellent au JDM les conditions des précédents concessionnaires, « nous réglons habituellement les factures sous 30 à 45 jours, nos clients nous paient sous 60 à 90 jours », nous indique Marc-Antoine Moles, secrétaire du Syndicat des transitaires de Mayotte, « des conditions qui ne sont évolutives qu’après accord du conseil départemental. »
La maison ne fait plus crédit…
Une facturation au comptant plomberait donc leur trésorerie. Ils menacent en retour de ne plus avancer pour leur client le paiement des taxes d’octroi de mer, « dès ce lundi 12 septembre », et proposent à Ida Nel de facturer directement les importateurs de containers : « 90% d’entre eux se font habituellement avancer leurs droits et taxes par les transitaires. »
« En conclusion, l’ensemble des entreprises adhérentes à notre syndicat, pense que tout est fait au port de Longoni pour que celles-ci se désintéressent de Mayotte et voire quittent cette île. De tous les ports où nos sociétés exercent celui de Longoni est le plus cher et celui où nous subissons le plus d’arrêts d’activité », constate les transitaires dans le courrier.
Dégradations des conditions de travail
Ils vont plus loin, « quand au bout de quelques temps le conseil départemental n’encaissera plus d’octroi de mer et qu’il n’y aura rien dans les rayons de magasin, il est possible que la DSP soit enfin confiée à une société qui respecte la notion de service public ! »
Un problème financier qui pourrait se résoudre si Ida Nel accepte de différer sa nouvelle facturation à partir du 2 septembre, mais qui ne changera pas la répercussion des prix en bout de chaîne pour le consommateur.
Ils ont demandé dès 11h ce mercredi matin une audience au préfet Frédéric Veau, « en urgence suite aux décisions intempestives prises unilatéralement par la présidente de la société MCG concessionnaire du port de Longoni. » En évoquant une dégradation des conditions de travail : « Voilà déjà plusieurs semaines que nous rencontrons des difficultés pour récupérer nos conteneurs et que nos véhicules et personnels doivent supporter des heures d’attente au port de Longoni. »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte