Retour en prison pour les braqueurs de supérettes

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Menottes zoomL’un est né à Dzaoudzi, l’autre à Illoni. Ils ont un peu plus de 20 ans, et la tentative de trouver des circonstances atténuantes de leurs gestes se heurte à la lecture d’un casier judiciaire déjà dense. Qui s’explique notamment par leur addiction à l’alcool et aux stupéfiants, selon l’expert psychiatre.

Ils sont à la barre pour avoir commis des vols, à deux jours d’intervalle. Le premier sera commis le 27 mai 2015 dans un entrepôt à Dembéni, où ils mettent la main sur des paquets de cigarettes, des cartes de téléphones et de l’argent. Le second au Hodi d’Illoni, un vol avec violence, avec la destruction d’un écran d’ordinateur et du système de vidéo surveillance. Mais là, M. sort une arme, « un upanga, un coupe-coupe », précise-t-il.

Revient sur le débat ces outils-armes, à la fois utiles aux champs « c’est là que nous allions », assure celui qui l’a dégainé, et redoutable pour commettre un délis, « je voulais faire peur à la caissière », reconnaît-il. L’autre avait le même, mais il est resté à sa ceinture : « mais pour la caissière, c’étaient deux coupe-coupe qui étaient devant elle », relève le juge Laurent Sabatier. « J’ai trop déconné », reconnaît le brandisseur de coupe-coupe.

Echec au BSMASalle TGI Code pénal

De la résine de cannabis a été retrouvée chez lui. « Où en êtes vous de votre dépendance ? », s’enquiert le juge. M. se passe la main dans les cheveux, sur le front, « je suis un traitement. » Ils ont tous les deux été jugés addicts et dépressifs. Leur entourage évoque un risque fort de récidive en l’absence de soin. Le psychiatre y rajoute une altération du jugement lors des faits.

M. a eu sa chance pourtant. Alors que tant de jeunes rêvent d’aller au BSMA, il n’y a pourtant pas laissé un bon souvenir, « de nombreuses absences, des affaires de violence et de vols », énumère le président Sabatier. Il a déjà été condamné en 2014 pour des faits d’extorsion avec menaces, puis pour une rébellion avec armes.

B. a également été condamné dans le passé, pour vol aggravé. Il ne s’est pas formé en prison mais suit l’école. Il avait arrêté sa scolarité jeune.

Le coût des agents de sécurité

Un centre pénitentiaire qui s'est rempli très rapidement depuis son inauguration
Un centre pénitentiaire qui s’est rempli très rapidement depuis son inauguration

Pour la substitut du procureur, ils représentent ce qui nuit le plus à l’image et à la sécurité de l’île. « Une montée en puissance du vol avec arme qui incite les commerçants à avoir recours aux agents de sécurité, leur occasionnant des frais supplémentaires. Au traumatisme psychologique, s’ajoute pour eux une difficulté économique supplémentaire. »

Elle met en garde : « S’il avait été retenu le vol avec arme, c’était les Assises pour vous deux. » Et requiert 5 ans de prison pour M. dont 18 avec sursis, et pour B. 5 ans de prison dont 2 ans avec sursis.

M. tentera de se défendre, « j’ai des projets, c’est pas une vie d’être en prison. Je me forme d’ailleurs. »

Le tribunal le condamnera à 4 ans d’emprisonnement, dont 18 avec sursis, mise à l’épreuve pendant 3 ans, avec obligation de soins, de formation et d’indemnisation de la victime. B. lui, sera condamné à 3 ans de prison, dont 18 mois de sursis, et les même obligation. Ils sont tous les deux maintenus en détention.

« J’étais trop bourré, fallait que je boive ! »Gendarmerie gendarme de dos

Une deuxième escorte de gendarmerie faisait son entrée avec Mz, lui aussi menotté. Déjà condamné de multiples fois, dont à Angoulême et à Saint-Denis (La Réunion), pour des faits identiques, il comparaissait pour un vol commis avec violence au Somaco de Combani le 3 juillet dernier. Contrairement à ses deux prédécesseurs, Mz argumente.

« Je n’étais pas violent, je voulais acheter des bières », commence-t-il, coupé par le juge, « en les cachant sous votre tee-shirt ! ». « Attends ! C’est pas fini », poursuit-il stoïque… « Vous pouvez me tutoyer, mais apprenez que le vouvoiement est une marque de respect », reprend Laurent Sabatier.

Quant aux raisons qui l’ont poussé à voler ces bières, « j’étais trop bourré, il fallait que je boive ! » Mais les évènements vont se dégrader pour la propriétaire du magasin qui s’aperçoit du vol. « Vous avez ouvert une cannette et lui avez déversé tout le contenu sur la tête, puis donné des coups de poings, avant de la suivre dans le magasin et de détruire un écran d’ordinateur et le lecteur de code barre. »

Fraude dans le TGV

Il ne reconnaît rien, « je ne l’ai pas frappé, je ne m’en souviens pas, en tout cas, ce n’est pas mon truc de taper les femmes. » On apprendra plus tard qu’il a déjà été condamné à 6 mois ferme pour violences sur conjoint. « Je veux travailler et me marier à ma sortie de prison », plaide-t-il. S’il est actuellement à Majicavo, et ce doit être le seul dans ce cas, « c’est pour fraude dans le TGV ».

En état de récidive, il risque 10 ans de prison, « tout ça pour une canette de bière », fait remarquer le parquet.

Le tribunal prononcera une peine de 12 mois de prison, dont 5 avec sursis, avec mise à l’épreuve de 2 ans, et obligation de soins et de formation. Le mandat de dépôt le faisait repartir entre deux gendarmes. « Pour changer de vie, le meilleur moyen c’est de ne plus être un délinquant », concluait le juge.

A.P-L.
Le Journal de Mayotte

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