Les premier et second degrés étaient concernés par une revendication commune : la prise en compte de l’ancienneté des instits mahorais lorsqu’ils travaillaient pour la collectivité de Mayotte. « Ça devrait mobiliser du monde pourtant de savoir que des collègues vont toucher 300 euros à la retraite », déplorait Fred Muller, représentant le SNEP.
Un acquis de la manifestation d’avril menée par Rivo, SNUipp, mais qui ne concernait qu’une certaine catégorie d’agents.
Mais au regard des nombreuses difficultés de cette rentrée, l’information passait presque inaperçue dans les conversations.
La première d’entre elles est le recours massif aux non titulaires, c’est à dire, aux étudiants ne possédant pas le diplôme du CAPES : « En métropole, ils sont 7,5%, contre 42% à Mayotte », relèvent les syndicats. Ces enseignants, environ 1.400, ont été recrutés par le vice-rectorat pendant l’été pour combler le déficit en enseignants. Ils ne critiquent pas le recours aux non titulaires, mais son ampleur : « Il fallait demander au ministère de l’Education nationale de mettre en place des mesures d’attractivité, au lieu d’entériner ce qui va devenir un système pérenne. » Car l’inquiétude est réelle pour la rentrée 2017.
Accès facilité pour une mutation vers Mayotte
De plus, cette année, une prime de 5 mois de traitement indiciaire, est versée aux nouveaux contractuels : « 150 collègues environ seraient concernés », explique le syndicat CGT Educ’action dans un tract, « en premier lieu, ce dispositif interroge sur la politique réellement menée par le gouvernement pour le service public d’éducation à Mayotte, alors même que de nombreux titulaires ne bénéficient d’aucune indemnité d’installation. En second lieu, elle provoque un fort sentiment d’injustice pour de nombreux collègues non-titulaires arrivés précédemment et n’ayant bénéficié d’aucune prime. »
Pendant ce temps, le problème d’attractivité n’est toujours pas réglé, et certains établissements manquent d’enseignants : « Je compte déscolariser mon fils », nous confie la maman d’un élève de 6ème, « il n’a pas de prof de sciences, n’en aura pas en musique, et en histoire-géo, ils regardent des clips depuis la rentrée. » Pourtant, selon les syndicats, le barème de mutation est très bas, « tous les enseignants fraichement diplômés peuvent y prétendre. »
Inégalité réelle de scolarisation
En ayant recours aux non titulaires, l’Etat fait des économies sur le dos des élèves, « avec 4.000 euros dépensés par élève ici contre 8.000 en métropole, les élèves de Mayotte n’ont pas la même éducation que dans les autres départements », appuie Frédéric Muller, un problème d’égalité réelle chère à la ministre Ericka Bareigts. Et qui vient en écho des propos de l’universitaire Bianchini qui demandait au CUFR ce lundi que « l’Etat mette le paquet sur l’enseignement », constatant un « modèle scolaire inadapté ».
D’autres revendications sont inscrites au programme du jour, comme l’absence de scolarisation d’un certain nombre d’enfants, « 540 élèves en plus des effectifs attendus », selon le vice-rectorat, ou les retards d’ouverture d’établissements comme le lycée de Mamoudzou nord ou le collège de Ouangani.
Ils étaient moins d’une centaine à 9h30 devant le vice-rectorat, après que les manifestants de la fonction publique hospitalière les aient rejoints.
Une délégation de l’Intersyndicale FSU, CGT, CFDT, FAEN, FO et Solidaires est reçue à la préfecture depuis 10h.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte