Le conservatoire botanique de Mascarin fête ses 30 ans et s’inquiète pour la biodiversité mahoraise

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Valérie et Rachidi poursuivent l'inventaire de la flore sur l'îlot Mtsamboro
Valérie et Rachidi menaient l’inventaire de la flore sur l’îlot Mtsamboro pour le BCNM en 2013

Trente ans, ça se fête ! Le conservatoire botanique national de Mascarin (CBNM) organise une semaine de festivités à La Réunion et Mayotte est bien présente. Pour la 1ère fois, les Réunionnais peuvent découvrir une exposition sur la richesse de la flore et des milieux naturels humides de notre département. De quoi s’enthousiasmer mais aussi s’inquiéter. «Depuis 2007, Mayotte occupe une place particulière dans nos travaux de recherche et de connaissance», explique Luc Gigord, le directeur du CBNM. «Il faut savoir que Mayotte a une valeur exceptionnelle à l’échelle nationale. Au kilomètre carré, c’est l’île qui possède une des plus fortes diversités végétales au monde».

Notre île compte en effet 793 espèces végétales indigènes dont 44 espèces endémiques… mais parmi elle, 264 sont menacées. «Nous sommes particulièrement inquiets pour les zones humides. Nous ne sommes pas loin d’un point de non retour… Le degré d’urgence est très fort.» Notre nature est en danger et pourtant, Mayotte a une responsabilité particulière à l’échelle régionale. Alors que la biodiversité s’est effondrée à Anjouan et en Grande Comore et qu’elle commence à subir de sérieuses attaques à Mohéli, la préservation de la flore mahoraise est un enjeu essentiel à l’échelle de l’archipel.

cbnm-mayotte-les-especes-vegetalesLes missions et l’expertise du CBNM sont donc essentielles. Créé en septembre 1986 sous l’impulsion de botanistes, le Conservatoire s’est d’abord occupé de la végétation réunionnaise avant de devenir un acteur incontournable sur les grandes questions de connaissance et de sauvegarde de la biodiversité dans l’ensemble du bassin du sud-ouest de l’océan Indien.

Il œuvre maintenant régulièrement dans les îles éparses, il mène des missions ponctuelles aux Comores ou à Madagascar, et depuis 2007, il est à l’action à Mayotte.

Apprendre à cultiver les plantes indigènes 

Chez nous, ses équipes ont contribué à réaliser l’inventaire ZNIEFF, un aperçu de la végétation et des paysages de Mayotte, ou encore l’Atlas de la flore vasculaire de Mayotte. «Nous avons actuellement deux grands programmes à Mayotte. Nous travaillons à l’inventaire des habitats. Nous venons d’ailleurs de terminer notre travail sur le littoral et nous avons eu la grande surprise de découvrir une diversité insoupçonnée… Nous aurons l’occasion d’en reparler prochainement. Le 2e grand programme vient de recevoir l’engagement du conseil municipal de Mamoudzou. Il vient de se prononcer en faveur d’un plan d’aménagement urbain avec des plantes indigènes».

Benoit Duperron sous les ombrières du CBNM avec un plant de Calophyllum Comorense, un grand arbre que l'on trouve autour du Mont Choungui
Benoit Duperron sous les ombrières du CBNM avec un plant de Calophyllum Comorense, un grand arbre que l’on trouve autour du Mont Choungui

Jusqu’à présent, les aménagements de nos villages sont réalisés avec des plantes exotiques. Importées, elles ne devraient pas se trouver sur notre île. Il s’agit à présent d’apprendre à cultiver des plantes locales pour que la nature typiquement mahoraise ou régionale investisse aussi nos quartiers.

Un nouveau logo 

Proche du dépôt de bilan en 2014, le CBNM s’est redressé et a réorienté son budget vers les missions exclusivement scientifiques. La création de la prochaine Agence régionale de biodiversité et les besoins grandissants de connaissance sur notre environnement semblent assurer son futur.

Preuve de sa nouvelle dynamique, le conservatoire vient de s’offrir une nouvelle identité visuelle. Son logo mêle une fleur de frangipanier et un Perroquet Mascarin, une espèce disparue dès le 17e siècle. Et pour ses 30 ans, le Conservatoire propose également ce jeudi aux Réunionnais, une conférence sur la flore et les habitats de Mayotte… Car Les Réunionnais auront peut-être du mal à le croire mais la richesse de notre nature n’a rien à envier à la leur !

RR
www.lejournaldemayotte.com

Luc Gigord, le président du CBNM (Photo: JIR)
Luc Gigord, le président du CBNM (Photo: JIR)

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