Nous avons tous le droit de respirer un air qui ne nuit pas à sa santé. C’est le grand principe posé il y a tout juste 20 ans par la loi LAURE (Loi sur l’Air et l’Utilisation Rationnelle de l’Énergie). Ce texte impose à chaque région un observatoire de l’air pour créer un réseau de surveillance à l’échelle nationale. Aujourd’hui, les différentes associations agréées pour la surveillance de la qualité de l’air (AASQA) gèrent un maillage de 650 stations de mesure implantées sur le territoire et donc également à Mayotte. Chez nous, c’est l’association Hawa qui est chargée de ce travail.
Ces associations ont pour mission de surveiller, modéliser, prévoir, alerter et réaliser des études sur le sujet. Elles évaluent aussi les actions mises en œuvre pour améliorer la qualité de l’air.
Pour cette journée, Hawa a décidé de se faire connaître en organisant sa première journée portes-ouvertes*. Elle propose de faire découvrir la façon dont l’air est actuellement surveillé sur le territoire mahorais mais les résultats des premières observations qu’elle a réalisées.
Des premiers résultats rassurants
Hawa a reçu son premier laboratoire mobile en mai dernier. Il est actuellement en phase de tests et d’étalonnage. D’autres capteurs ont également été réceptionnés ce qui a permis le lancement d’une première campagne d’évaluation de la qualité de l’air. Ce sont ainsi une douzaine d’emplacements de mesures répartis sur l’ensemble de l’île, en zones urbaines et en brousse, qui ont été testés. Cette surveillance porte sur 4 polluants réglementés qui sont le dioxyde d’azote, le dioxyde de soufre, l’ozone et le benzène.
Après 6 mois de prélèvements et d’analyses, Hawa indique que les premiers résultats en dioxyde d’azote, dioxyde de soufre et ozone sont plutôt rassurants et sont inférieurs aux seuils réglementaires de la qualité de l’Air (respectivement de 40, 50 et 120 µg/m3). En zone urbaine et trafic routier, les mesures en benzène sont inférieures aux valeurs limites sanitaires de 5 µg/m3, cependant elles oscillent autour de l’objectif de qualité de 2 µg/m3.
Préoccupations sur les particules fines
Les mesures concernant les particules fines (poussières), polluants réglementés également, sont en revanche moins bonnes. Le niveau de ces particules n’est mesuré qu’à un seul emplacement dans la zone de Kawéni (au niveau EDM) au moyen du laboratoire mobile. Malgré le peu de résultats encore obtenus et comme il était pressenti, le niveau des particules fines PM10 (particules dont le diamètre aérodynamique est inférieur à 10µm) indique des concentrations qui flirtent avec la valeur moyenne limite annuelle de 40 µ/m3.
Après ces premiers relevés, une campagne de mesures exploratoires plus vaste, en différents lieux sur Mayotte, va être engagée dans les prochaines semaines pour une durée de plusieurs mois.
La mise en place de l’association
Hawa Mayotte existe depuis près de 2 ans. Son activité a été, en 2015, essentiellement administrative et consacrée à sa mise en place fonctionnelle (budget, financement, personnel, recherche de locaux et installation, réseau informatique, achat d’un véhicule etc.). Techniquement et en collaboration avec le LCSQA (Laboratoire Centrale de Surveillance de la Qualité de l’Air), des besoins d’investissements en instrumentations de mesures ont été définis et engagés.
Pour cette Journée nationale, le public peut donc visiter pour la 1ère fois ses locaux*, le petit laboratoire d’analyse et de métrologie et la remorque laboratoire. Le personnel de Hawa Mayotte se tient à la disposition des visiteurs pour répondre à toutes les questions.
6 mesures de bon sens
Hawa profite aussi de cette journée pour rappeler les 6 bonnes «mani’air» à adopter : privilégier la marche, le vélo, le co-voiturage et les transports en commun (malheureusement, actuellement limités aux taxis collectifs et aux transports scolaires à Mayotte), entretenir régulièrement son véhicule, couper le moteur de sa voiture lors d’arrêts même brefs, adopter une conduite souple et limiter sa vitesse, maîtriser la température (climatisation) et bien aérer sa maison et surtout, ne pas brûler ses déchets verts, ses détritus et arrêter les défrichements par brûlis. «Il faut savoir que le fait de brûler 25 kilos de déchets verts émet autant de particules qu’un véhicule diesel récent roulant sur 3000 km, soit 20 fois le tour de Mayotte !»
Pour communiquer au public le futur indice de pollution au quotidien ainsi que tous les résultats des mesures sur l’actualité de la qualité de l’air à Mayotte, un site internet «Hawa Mayotte» devrait bientôt voir le jour.
RR
www.lejournaldemayotte.com
*Hawa est installée aux Hauts-Vallons (derrière JUMBO Score), Résidence Canopia au 1er étage juste au-dessus du M’Biwi Café.