A Mayotte, cela fait plusieurs années que sa mise en place est dans l’air, mais il n’a pas que des adeptes. L’intérim, les syndicats de salariés y ont longtemps été réfractaires, y voyant une nouvelle source de précarité.
En réponse, un spécialiste local du droit du travail, déclare qu’à tout prendre, il vaut mieux un travail précaire légal, qu’illégal. Une façon de tirer la forte frange de travail au noir vers la légalité.
Ce mardi une nouvelle réunion sur l’intérim s’est tenue à la Dieccte (Direction du travail et de l’emploi), en présence des partenaires sociaux dont le Medef, pour le patronat, et la CFDT, FO et la CFE CGC pour les salariés.
Facile d’être dans l’illégalité
Les patrons voient plutôt d’un bon œil l’arrivée d’un mode de recrutement souple : « Les embauches s’en trouveront facilitées, les intérimaires pourront bénéficier d’une couverture sociale, et cela ne peut que réduire le travail dissimulé », Thierry Galarme, président du Medef, redonne ses arguments, lui qui en a fait un des ses chevaux de bataille dès le début de sa mandature. « La Dieccte nous a informé que l’ordonnance était en cours de signature à Paris, pour être légalisée le 1er janvier 2017 », affirme-t-il.
Il a évalué à 300 emplois les besoins des entreprises : « Il faut dire qu’il est facile d’être dans l’illégalité, en remplaçant par exemple au pied lever un de vos serveurs absents. L’intérim permettra d’avoir recours à une main d’œuvre déclarée. » Un des acteurs du secteur, Proman, s’était positionné pour démarrer aussitôt la réglementation en place.
Rajouter du social au travail
La CGT Ma n’assiste pas aux réunions qui ont trait à l’application du code du travail à Mayotte, puisque son secrétaire départemental, Salim Nahouda, réclame la transposition immédiate du code du travail national « sans modifications ». Et sa position envers l’intérim en est une suite logique : « Je suis d’accord pour son application sous condition de bénéficier du code du travail intégral, avec des droits intérimaires identiques à la métropole, et notamment, les indemnités chômage… »
Pierre Gattaz, président du Medef national, avait pris le relais en interpellant le ministre du travail sur ce sujet, mais rien n’avait avancé. Essentiellement en raison des crispations sur les modes de transposition du code du travail national à Mayotte
Sans doute un bon compromis pour Mayotte qui pourrait mettre tout le monde d’accord : l’organisme de formation OIDF a l’intention d’appliquer ici l’intérim d’insertion, nous apprend Thierry Galarme, qui permettra à une entreprise, non seulement de proposer des missions de travail temporaire aux personnes en difficulté d’insertion, mais aussi de proposer un accompagnement social.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte