Transition énergétique à Mayotte: Pour le projet «Opéra», il faut attendre, encore

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PhotovoltaiqueLe temps mis par le gouvernement pour répondre à une question écrite du sénateur Thani Mohamed Soilihi, en dit long, bien plus que les mots, sur l’embourbement de certains dossiers liés à la transition énergétique.

Le sénateur a pris sa plume, le 9 avril 2015, pour accélérer la mise en œuvre des conditions de la mise en place d’un projet énergétique particulièrement innovant à Mayotte. Ce projet s’appelle «Opéra», pour «opération pilote énergies renouvelables». Il consiste en une sorte de pile gigantesque qui se recharge à l’énergie solaire et qui permettrait au réseau électrique mahorais de passer le fameux cap de 30% d’alimentation aux énergies renouvelables.

Le dispositif est simple: en cas de chute de l’alimentation par le photovoltaïque, la pile géante prend le relai pendant une trentaine de minutes en injectant jusqu’à 3 mégawatts dans le réseau électrique. Elle laisse donc le temps aux centrales thermiques «classiques» de se mettre en route. Ainsi, si un nuage passe sur les centrales solaires, le réseau électrique ne s’effondre pas dans un black-out, les énergies renouvelables et fossiles se passant le relai en douceur. La stabilité du réseau électrique est donc garantie.

Une réponse 17 mois après

L’idée, développée conjointement par l’institut national de l’énergie solaire et les sociétés Électricité de Mayotte (EDM) et Sunzil, semble séduisante mais si elle tarde à se concrétiser, c’est qu’elle a un coût.
Le sénateur Thani explique dans sa question à la ministre de l’écologie, que «sa réalisation est suspendue à une modification de la réglementation actuelle qui lui permettrait d’être éligible à la compensation des surcoûts de production de l’énergie (CSPE)».

La question du sénateur Thani Mohamed Soilihi au ministre de l'intérieur
Le sénateur Thani Mohamed Soilihi

La réponse de Ségolène Royal est donc arrivée le 22 septembre… 17 mois après que la question ait été posée. Une très longue attente pour une réponse qui ne peut être que décevante.

A l’avant-garde, mais…

Tout d’abord, le gouvernement réaffirme un principe : la transition énergétique représente un enjeu particulier dans les zones non-interconnectées, autrement dit, dans les régions comme la nôtre, qui ne bénéficient pas d’autres réseaux électriques dans leur voisinage auquel il peut être fait appel en cas de besoin.
Nous avons donc «vocation à être à l’avant-garde» de cette transition, selon les mots du gouvernement, «tant dans le développement des énergies renouvelables que dans le stockage d’électricité».

Logiquement, même si nous n’étions pas concernés, le gouvernement rappelle les appels d’offre qu’il a lancé depuis 2012 pour les installations photovoltaïques couplées à du stockage. Ainsi, en juin dernier, le gouvernement publiait une liste de 33 projets d’installations photovoltaïques pour l’Outre-mer et la Corse pour un total de 52 mégawatts. La Réunion abritera neuf réalisations, la Corse et la Martinique huit chacune, la Guadeloupe six et la Guyane deux. «Un nouvel appel d’offres est actuellement en préparation», indique la réponse du ministère… Peut-être un projet Mahorais sera-t-il mis sur les rails.

Attendre les chiffrages

Dans sa réponse, la ministre indique bien que les dispositifs de stockage font également partie du «panel de solutions pour le déploiement de la transition énergétique» et que la loi prévoit qu’une partie de leur coût incombe au service public de l’électricité. Mais pour combien précisément, on ne le sait pas encore.

electricite-question-au-gouvernement
Question du sénateur Thani au gouvernement sur la transition énergétique à Mayotte

Le gouvernement précise que la commission de régulation de l’énergie (CRE) doit encore «développer une méthodologie d’analyse des projets de stockage» pour que les acteurs du secteur puisse connaître les montants de «compensation» des surcoûts prévus. «Le Gouvernement a demandé à la CRE d’accélérer ses travaux d’élaboration de cette méthodologie», assure le courrier au sénateur.

Autrement dit, même si le gouvernement reconnaît que le projet mahorais «Opéra» est «prometteur», tout est encore suspendu au travail de la CRE, qui tarde à aboutir.

Le projet commence pourtant a dater. Le JDM s’en était fait l’écho deux semaines après sa création, en 2013, et le ministre de l’Outre-mer de l’époque, Victorin Lurel, avait même été particulièrement séduit, promettant à Sunzil lors d’un entretien informel un déploiement possible dans tous les Outre-mer… Et pourtant, pour «Opéra», on ne semble encore en être qu’au stade de l’ouverture.

RR
www.lejournaldemayotte.com

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