Le sénateur (Les Républicains) Abdourahamane Soilihi a passé une grande partie de sa journée d’hier lundi dans les locaux de la section de recherches de Mamoudzou. Selon les informations de nos confrères du JIR que le JDM est en mesure de confirmer, l’ancien maire de Mamoudzou a été entendu dans le cadre d’une enquête sur des faits présumés de recel d’abus de biens sociaux et de favoritisme.
Abdourahamane Soilihi a pu quitter la gendarmerie en fin d’après-midi. L’élu a été interrogé sur ses liens avec une société de travaux publics installée à Tahiti, à l’époque où il était maire de Mamoudzou, entre 2008 et 2014. A ce stade des investigations, il est soupçonné d’avoir profité de très généreux cadeaux de cette entreprise qui cherchait à décrocher un gros marché pour l’urbanisation du front de mer de Mamoudzou. Un projet qui n’a finalement jamais abouti, les élections municipales de 2014 ayant vu la défaite de l’équipe sortante.
D’après des documents saisis par la gendarmerie, le sénateur, qui reste présumé innocent, aurait bénéficié avec sa compagne d’un voyage tout frais payé à Tahiti en 2012, mais aussi d’un séjour d’agrément à Los Angeles lors d’une escale sur la ligne Paris-Tahiti. En additionnant les dépenses d’avion, d’hôtels, de restaurants, d’achats, de visite de studios de cinéma… On arriverait à une somme de plusieurs milliers d’euros, le tout pris en charge par la société tahitienne.
De Papeete à Mamoudzou
S’ils s’avéraient exacts, ces faits seraient susceptibles d’être qualifiés de «recel d’abus de biens sociaux» ou encore de «favoritisme». Les enquêteurs cherchent donc à connaître le fin mot de l’histoire.
L’enquête a démarré à Tahiti quand les gendarmes locaux ont saisi, dans le cadre d’une autre procédure visant la société de construction, des documents liés à un projet d’immobilier qui devait se réaliser à des milliers de kilomètres de là… à Mayotte. Pour l’entreprise de BTP s’ouvrait alors une enquête dans l’océan Indien… et pour l’ancien maire de Mamoudzou une nouvelle procédure. L’élu a déjà été condamné en 2013 à 6 mois de prison avec sursis, 10.000 euros d’amende et un an d’inéligibilité par le tribunal correctionnel de Mamoudzou dans une affaire d’emploi fictif au profit du maire de la commune voisine de Koungou.
«Rien à me reprocher»
Fin avril 2016, le parquet général de la Réunion avait obtenu du Sénat la levée de l’immunité parlementaire de Abourahamane Soilihi, une mesure qui a donc permis d’entendre l’intéressé sous le régime de la garde à vue pour qu’il s’explique sur ses liens avec cette société de travaux publics et d’aménagement installée à Papeete.
Au lendemain de la levée de son immunité parlementaire, Ladjo Abdourahamane Soilihi avait réagi dans un communiqué et se disait serein. Il indiquait qu’il avait lui-même appelé à cette levée et attendait le moment où il allait pouvoir apporter sa version des faits: «Je vais pouvoir démontrer que je n’ai rien à ne me reprocher. Je souhaite pouvoir répondre aux questions que les services compétents voudront me poser et accéder enfin aux éléments de cette affaire», indiquait-il alors.
L’enquête suit donc son cours.
RR, le JDM
avec le JIR.
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