Ce mercredi matin en séance plénière, les élus pouvaient interpeller directement le directeur du STM, Franck Fournier, venu assister au vote des 12 millions d’euros que lui devait le département.
L’achat de 18,4 millions d’euros des deux amphidromes, sollicite les deniers européens, pour 12 millions d’euros, nous précise Fatima Souffou, 1ère vice-présidente du département, Chargée des Infrastructures et des transports. Le conseil départemental doit le préfinancer et a donc régularisé ses acomptes auprès de son service STM, en lui allouant 12 millions d’euros, « dont 1 million préconisé par la Chambre régionale des comptes. »
L’élue était interpellée par ses pairs, usagers matinaux de la barge : « A 7 heures, tout le monde se marche dessus », lançait Daniel Zaïdani qui résumait la bousculade en un jeu de mot, « c’est une vraie ‘cohue-bohu’ ! Il faut recruter des agents pour réguler le flux. » Si l’élue répondait que des créations de postes ont déjà eu lieu cette année avec les chefs mécaniciens 3.000, recrutés en métropole faute de brevets sur place, pour conserver l’agrément des Affaires maritimes, on peut penser que sur les 280 salariés, certains puissent être affectés à la régulation de la foule matinale.
En révision depuis un an
La question de la méthode d’extraction des chauffeurs de poids lourds embarqués allait forcément fuser. Ce fut le conseil de Mtsamboro, Aynoudine Salimé qui s’y collait. Un tantinet embêté, Franck Fournier répondait que le Polé n’avait pas été conçu pour les camions, « mais pour les 590 passagers et 33 véhicules légers qui attendent une capacité supérieure. Nous allons consacrer les autres amphidromes aux camions », rassurait-il, ce qui demande une réorganisation totale du service. Un ou deux camions pourront être disposés aux extrémités du Polé.
Un service qui va devoir tenir compte de l’état vieillissant des navires, dont certains ne refont toujours pas surface : « C’est le cas du Maoré Mwana arrêté l’année dernière pour une révision générale, et de la Salama Djema I, qui a subi des révisions pourtant à hauteur de 600.000 euros », interpellait Daniel Zaïdani qui connaît bien le dossier en tant qu’ancien président du CD.
Dessertes nord-sud
Justement, les travaux exécutés sur la Salama Djema I ont été mal faits, appuie le directeur du STM, qui explique avoir découvert la situation à son arrivée en 2015, « la stabilité, l’électricité, le réseau hydraulique, étaient à refaire, il ne reste plus que le circuit d’assèchement. Il sera disponible en décembre ou janvier. » Une somme de travaux telle, « que parfois il vaut mieux acheter du neuf. » Quant au Maoré Mwana, « une refonte du moteur va lui permettre d’être opérationnel, mais il faut aussi remonter la rampe car les charnières sont défectueuses. »
Un cordon ombilical entre Petite et Grande Terre, qui explique les vives critiques qui pleuvent à la moindre panne, « c’est un service maritime, avec ses contraintes, ses visites pour les classifications. Par exemple, la cale sèche n’est en eau qu’une fois par mois, ce qui implique des délais très long en cas d’urgence. D’autre part, lors d’un problème technique, nous avons mis 3 semaines pour faire venir un professionnel d’Allemagne »…
La question de l’avenir du service se pose. Et s’il n’était pas question de pont ce mercredi dans l’hémicycle, la vente des navires était évoquée, voire leur recyclage dans des dessertes nord et sud, « pourquoi ne pas créer une filiale avec une stratégie de coopération », interroge Franck Fournier qui évoque sans le dire un partenariat public-privé.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte