L’environnement : il faut commencer par la base

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Ordures et déchets à Kawéni ce jeudi 13 octobre
Ordures et déchets à Kawéni ce jeudi 13 octobre

Mayotte s’est enfin saisie du sujet de l’environnement. Un tel thème aurait vu un hémicycle aux 3/4 vide il y a encore 6 ans, peuplé de mzungus transposant les préoccupations métropolitaines, et n’entendant que leur voix en écho. Si aujourd’hui, devant un hémicycle comble, la prise de conscience transparaissait dans le choix d’experts qualifiés, l’intervention, bruyante, de Faouzia Kordjee dès le départ clouait la réflexion au pilori : « Arrêtons les colloques, et commençons par demander au préfet de chasser les vendeurs de fripes qui abiment notre mangrove ! On demande aux mahorais de faire des efforts, mais ceux qui vivent clandestinement n’en font pas », lançait-elle dans l’hémicycle.

La mangrove qui longe la route à Mamoudzou vers Kawéni est en effet abimée par les déchets jetés par ces vendeurs à la sauvette. Un peu plus loin, c’est l’absence de ramassage des poubelles par la mairie qui laisse les chèvres brouter les ordures ce jeudi matin.

Pour autant, il faut se projeter et proposer des pistes d’évolutions énergétiques ou de préservation de la ressource en eau pour protéger notre île dans l’avenir, les deux thèmes des tables rondes de la matinée, et préserver notre patrimoine naturel, lutter contre la pollution et mettre en place des outils de gestion de l’environnement, comme le proposait le programme de l’après-midi.

47% du mix énergétique, « c’est possible »

Les intervenats de la journée, après l'inauguration par Raïssa Andhum (au centre)
Les intervenats de la journée, après l’inauguration par Raïssa Andhum (au centre)

Raïssa Andhum, la conseillère départementale chargée de l’Aménagement et du Développement durable, est aux commandes. Elle commence par réagir à l’apostrophe de Faouzia Kordjee : « J’ai initiée cette journée justement parce qu’il faut se parler et partager notre vision. Nous avons d’ailleurs mis à disposition des flyers pour que vous notiez vos questions que nous récolterons à l’issue », et répond à une question du public sur l’utilité d’une telle journée, « nous en ferons une synthèse qui sera diffusée auprès de la population. »

Première conférence, et premiers signes que la question de l’environnement peut nous dépasser : « Comment arriver en 2020 aux 50% d’énergies renouvelables, étant donné que nous n’en sommes même pas à 5% ? » Pour l’élue, si le sénateur Thani Mohamed a porté la barre à 50%, « ce n’est pas forcément pour l’atteindre, mais pour nous forcer à l’exigence et à avoir de l’ambition. »

Et il ne s’est pas trompé s’il on écoute le représentant d’Electricité de Mayotte : « Il y a seulement 4 ans, personne ne s’occupait de la maîtrise de l’énergie à Mayotte. Or, si on décline l’ensemble des projets portés, nous pouvons arriver à prés de 47% à l’échéance de 2020. »

La réglementation nationale ne suit pas

Question sur le mix énergétique
Question sur le mix énergétique

Il s’agit du photovoltaïque, « qui peut augmenter de 4 points le mix énergétique en faveur du renouvelable », des turbines biomasse, dont celle de la STAR, +15 à 20 points, de la récupération de chaleur des fumées de la centrale EDM de Longoni, à préciser, de la récupération de chaleur sur l’eau de refroidissement de la même centrale, +2 points… Des projets inscrits à la Programmation pluriannuelle de l’énergie.

Rappelons que la ministre Ségolène Royale a mis un an pour répondre au sénateur Thani Mohamed sur le projet mahorais OPERA qui permettrait de stocker l’électricité produite par le photovoltaïque… Evitons de désespérer tout à fait en comptant sur un prochain appel à projet de l’Etat sur une Centrale photovoltaïque, puisque Mayotte avait été écartée du précédent. « Mais le conseil départemental peut se substituer au gouvernement pour ces appels à projet », rappelait un intervenant, « ce qui nous permettrait d’avoir un regard mahorais proche de nos problématiques. »

Parmi le public, une question appelait à effectuer un bilan social des investissements liés aux énergies renouvelables : « Combien d’emplois a-t-on créé ? »

La Journée se termine vers 17h avec la synthèse proposée par Raïssa Andhum qui aura prouvé que le conseil départemental s’est saisi du sujet en proposant des interventions à la hauteur des enjeux.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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