En préambule des Rencontres de la Sécurité qui se tenaient sur la place de la République à Mamoudzou, la cérémonie d’installation du commissaire Jos et la remise de la médaille de la Sécurité intérieure, échelon d’argent à la directrice de cabinet Florence Ghilbert-Bézard, était assurée par le Capitaine Chamassi, un maître de cérémonie qui arborait pour la première fois ses médailles de Chevalier de l’ordre national du mérite et sa médaille d’honneur de la police nationale.
Mais, soudain, les gendarmes partent à l’assaut d’un bus Halo pour intervenir sur une prise d’otage : un déroulement sans accroc pour cette simulation de démonstration de force, un des clous de la matinée des Rencontres de la Sécurité. L’autre n’était pas au programme puisqu’un jeune s’en est pris à un représentant des force de l’ordre, en démonstration sur son stand : non pas un figurant plus vrai que nature, mais un homme qui voulait en découdre et qui a vu fondre sur lui tout ce que la place comportait de forces de sécurité, qui n’auraient pu rêver mieux pour démontrer leur efficacité.
Si les gendarmes avaient sorti un de leurs blindés, les militaires du Détachement de la Légion étrangère (DLEM) n’étaient pas en reste pour exposer leurs véhicules armés, la DEAL les simulateurs de prévention de sécurité routière, la Croix-Rouge l’initiation aux premiers secours, les pompiers leur poste médical avancé, les Douanes les contrefaçons, la Brigade nature l’information contre les risques naturels, la Police nationale une démonstration de maniements d’armes, la PAF, la police municipale, la DJSCS, mais aussi le BSMA sur leurs filières de formation.
Visite du général de recrutement de l’armée de terre à Mayotte
Car les Rencontres de la sécurité sont aussi là pour cela, inciter les jeunes à intégrer leurs corps. Et les jeunes mahorais n’y sont pas insensibles puisqu’il y avait foule ce samedi matin, et que plusieurs de leurs aînés ont « franchi le pas », comme y invite une affiche de la Police nationale. D’ailleurs, sur les 239 effectifs de la police nationale, « environ la moitié sont des natifs de l’île », nous précise la directrice de cabinet du préfet de Mayotte, sur les 245 policiers aux frontières, environ 20%, et sur les 383 gendarmes (dont 41 arrivent au 1er novembre), un peu moins de 20%.
L’armée pourrait d’ailleurs implanter une annexe du Centre de recrutement installé actuellement à La Réunion. Ce n’est qu’un projet, nous assure le colonel Rémi Bariety, qui commande le DLEM : « Pour l’instant, nous pouvons déjà annoncer la visite du général de recrutement de l’armée de terre le 14 novembre. Il vient évaluer les possibilité sur l’ensemble des Outre-mer. »
Difficile de suivre cette matinée, sans évoquer une nouvelle fois avec le préfet Frédéric Veau, la sécurité du territoire : « Avec le Plan sécurité qui ne date que du mois de juin, et qui dote Mayotte de 14 policiers en Groupement Sécurité de proximité (GSP) qui patrouille de 17h à 1h du matin dans les endroits sensibles, et de 88 gendarmes, nous avons lancé un travail de longue haleine. Nous notons déjà une évolution intéressante en terme de cambriolage », explique-t-il.
25 interpellations en septembre
En ce qui concerne le volet de lutte contre l’immigration clandestine du Plan, « chaque semaine la Légion s’entraine sur des postes différents en zones côtières, en lien avec la gendarmerie. Et nous étudions sur quel point intervenir pour lutter contre l’immigration clandestine au nord-ouest de l’île. »
Le fraîchement installé commissaire Philippe Jos a des informations à donner, car les choses ont évolué depuis notre première interview. Comme prévu, il a réorganisé ses services, « avec une répartition horaire des effectifs et sur les secteurs les plus touchés ».
Et le quartier des Hauts Vallons est de ceux là, puisqu’il a été le théâtre de plusieurs viols, « en lien avec des affaires de vols, d’ailleurs 4 interpellations ont eu lieu, ils ont été écroués » précise-t-il, avant d’annoncer : « Nous nettoyons actuellement ce quartier au moyen de la présence constante des effectifs de police du GSP, de jour comme de nuit, ce qui ne se faisait pas avant. » Et les effets se font sentir : « Nous avons effectué 25 interpellations au mois de septembre. » Une évolution positive par rapport aux précédents mois, qu’il ne chiffre pas, bien que s’étant doté d’un service statistique, « nous faisons d’abord remonter à Paris, nous communiquerons ensuite. »
Le commissaire avance une bonne réactivité de ses équipes lorsque la Police est appelée, et nous prend à contre pied : « Nous ne sommes pas suffisamment appelé sur le 17 ! Souvent, les gens viennent déposer plainte en expliquant qu’ils se sont fait voler leur sac à main, mais ils faut appeler immédiatement. »
Cette année les Rencontres sur la Sécurité se sont déroulées avec l’impression d’un fossé moindre entre les démonstrations de force organisées, et celles que chaque citoyen attend sur le terrain.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte