Les élus de la Chambre d’agriculture demandent une tutelle complète de l’Etat

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CAPAM pancarte«On dit à l’Etat: ‘Vous prenez en charge les affaires de la CAPAM!’ Ca suffit!» Il est en colère le président de la chambre d’agriculture. Il avait réuni les élus de l’institution ce lundi matin pour faire un point sur la situation financière difficile que traverse actuellement la chambre. Et les tensions avec l’Etat et particulièrement la DAAF (la direction de l’agriculture) sont encore montées d’un cran. «Nous sommes actuellement sous ‘régime spécial’, nous demandons que l’Etat place la CAPAM sous tutelle complète», tranche Mouslim Payet.

C’est la réponse de ces élus face à l’effondrement des finances de la chambre. Car pour eux, pas de doute: les services de l’Etat ont joué un rôle central dans la crise actuelle.

Ce sont en réalité les subventions du conseil départemental qui font défaut à la Chambre. Mais Mouslim Payet affirme que les services de la DAAF (Direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt) sont intervenus pour qu’aucune aide du département ne soit plus versée. «En 2013, on a touché 800.000 euros du département. En 2014, 450.000 et en 2015, zéro! On m’a expliqué que la DAAF est intervenue pour que rien ne nous soit donné. Je ne comprends pas. Je vais de réunions en réunions pour développer l’agriculture à Mayotte. Et l’Etat nous bloque», s’emporte le président.

«On veut du mal à la CAPAM»

Le JDM expliquait en mai dernier que la CAPAM a en effet perdu une part considérable de ses recettes tout en continuant à lancer des actions que ses finances ne permettaient pas toujours.

Mouslim Payet défend sa gestion malgré les déboires financiers de la CAPAM
Mouslim Payet: « Que l’Etat prenne en charge la CAPAM! »

Conséquence, la CAPAM a déjà été placée sous une forme de tutelle. Il y a quelques mois, la préfecture avait retoqué son budget initial pour 2016, constatant «une aggravation des difficultés à l’examen du compte financier 2015 qui met en évidence une augmentation des charges et une diminution des recettes», avec pour conséquence un résultat dans le rouge. Un audit avait été commandé pour sortir de l’impasse et répartir clairement les missions entre la DAAF et la chambre. La préfecture voulait ainsi s’appuyer sur ce diagnostic pour «prendre toutes les dispositions utiles à l’exercice de sa mission de tutelle et à la relance de cet outil de développement».

Mais aujourd’hui, les élus n’acceptent plus la situation. «On nous a privé de tous nos moyens et les élus ne décident plus de rien. C’est grave. Aujourd’hui, on accorde 2,6 millions de subventions à une structure privée et on ne veut pas que la chambre reçoive 600.000 euros pour développer ses actions et appuyer les petites entreprises du secteur. Nous sommes une structure d’intérêt général, avec 40 employés… Je n’arrive pas à comprendre qu’on veuille du mal à la CAPAM et qu’on bloque le développement du territoire».

«On ne peut pas avancer»

Et le président Payet de conclure: «Il faut être clair. L’Etat est là pour accompagner le développement de l’agriculture. Le département est là pour accompagner le développement de l’agriculture. S’il y a une de ces deux entités qui passe derrière pour bloquer, on ne peut pas avancer».

Contactée par le JDM, la préfecture a fait savoir que les services de l’Etat ne s’exprimeraient pas sur le sujet. Tout au long de l’année, la préfecture avait précisé à plusieurs reprises que la bonne santé de la CAPAM était «une préoccupation majeure de l’Etat» et «un objectif inscrit au plan Mayotte 2025». Elle avait également tenu à réaffirmer «à l’ensemble des agriculteurs, pêcheurs, aquaculteurs, ainsi aux partenaires, élus et agents de la CAPAM, sa détermination pour accompagner le redressement de l’établissement».
En attendant, la chambre de l’agriculture est en crise. Encore et encore.

RR
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