La GCT Educ’action dénonce ce mercredi matin la multiplication d’incidents violents dans et aux abords des établissements du second degré ces dernières semaines: «Chirongui, Chiconi, Tsararano, Tsingoni, Sada, Kahani… Surveillant poignardé, élèves agressés, bus scolaires caillassés, mouvement de panique, établissement évacué en urgence… La liste est déjà longue et pourrait s’allonger encore avec les nombreux incidents dont les établissements sont le théâtre au quotidien».
Pour le syndicat, «le constat est lourd moins de deux mois après le début de cette année scolaire, et rien ne permet d’envisager une amélioration de la situation à court terme». Etablissements surchargés, faible nombre de conseillers principaux d’éducation, équipes de surveillants sous-dimensionnées, absence de lieux de vie en dehors de salles de classes surchargées… Le syndicat dénonce les multiples causes de cette situation.
«Toute politique du ‘mirador et du barbelé’ est vouée à l’échec. Certes, dans certains établissements, l’installation d’agents de prévention sécurité peut avoir un effet positif. Certes, les équipes de sécurité peuvent faire un travail utile, à condition qu’elles soient implantées durablement. Mais ces solutions sont insuffisantes et, surtout, ne sont qu’un traitement en urgence des symptômes et non en profondeur du mal qui ronge notre service public d’éducation. De la même manière, la présence de la gendarmerie tous les matins devant certains établissements en dit long sur le climat qui y règne…» relève la CGT qui demande à l’Etat de «prendre la mesure des besoins éducatifs de notre département et dégager des moyens massifs à cet effet».
La CGT rappelle quelques chiffres «évocateurs» sur le système éducatif à Mayotte. Alors que l’effectif moyen d’un collège en France est de 470 élèves, il est de 1400 dans notre département. «Dans le premier cycle du secondaire (collège), l’effectif moyen par classe est de 24.7 élèves en France…et de 28 élèves à Mayotte alors même que tous les collèges sont classés en REP ou REP+! En France le taux d’encadrement moyen est de 12.3 élèves/enseignant…et de 15 élèves/enseignant à Mayotte!» dénonce le syndicat.
Enfin, «l’Etat investit en moyenne environ 8400 euros par an et par élève…et seulement 4200 à Mayotte (avec plusieurs milliers d’enfants non scolarisés)».
Face à ces chiffres, pour la CGT, «le discours officiel qui voudrait que ‘l’Etat fait beaucoup pour Mayotte, notamment en matière d’éducation’ ne tient pas. L’effort budgétaire est notoirement insuffisant et l’Etat peut et doit faire bien davantage».
Sur le plan matériel, le syndicat qualifie «le retard pris en matière d’équipements scolaires» d’«effrayant». «Dans le premier degré, le système des rotations perdure voir se développe dans certaines communes. Dans le second degré, les établissements, surchargés, explosent.»
«Sur le plan humain, la situation se dégrade d’année en année et l’actuel gouvernement semble, au-delà des mots et de l’affichage politique de circonstance, s’en satisfaire pleinement. Pour la CGT éduc’action Mayotte, ce laisser-aller est intolérable et des mesures rapides et concrètes doivent être prises pour pourvoir les postes en enseignants titulaires».
«Pour réduire de manière durable les phénomènes de violences scolaires, la seule solution, c’est l’éducation», revendique la CGT Educ’action qui réclame «des moyens massifs pour notre service public d’éducation».