Mayotte a clairement affiché depuis toujours son hostilité aux maisons de retraite que les habitants jugent peu compatibles avec le lien développé ici autour de la famille élargie. Si en métropole ces structures rebaptisées EPHAD, Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, sont nombreuses, l’émergence de l’Economie sociale et solidaire a fait apparaître là-bas aussi la solution de l’aide et des soins à domicile. Dont Mayotte va donc profiter.
Dagoni Services, une société de service à la personne à domicile, a été créée en 2013, par un infirmier sorti de l’IFSI Mayotte, Mirhane Abdallah. Elle oriente son action vers l’adaptation au vieillissement et au handicap, notamment par la recherche de modes d’accueil adaptés, le soutien et l’accompagnement à domicile dans les actes de la vie quotidienne, la prévention de la perte d’autonomie notamment en tentant de maintenir le lien social, et l’information pour l’accès aux droits.
Comme il nous l’avait expliqué en avril dernier, il avait d’ailleurs répondu à l’appel d’offre du SPASAD, écarté bien que concentrant dans une seule et même structure l’aide et les soins, contrairement aux deux premiers choix du jury.
Un SAAD très encadré
Mais il en faudrait plus pour le décourager, lui qui depuis notre dernière rencontre a continué à avancer et à former, puisqu’ils sont 12 salariés à travailler pour DAGONI. Onze sont des agents de vie aux familles, « des contrats aidés qui seront formés et diplômés dans 2 ans. » Il traite actuellement 25 patients.
Mirhane Abdallah a déposé fin juillet une demande d’autorisation au conseil départemental pour mettre en place un Service d’Aide et d’Accompagnement à domicile (SAAD), « ils ont trois mois pour répondre », explique-t-il au JDM. Donc jusqu’à fin octobre. Son projet doit répondre au cahier des charges national, « qui complète la loi d’Adaptation de la société au Vieillissement. C’est très encadré. »
Lorsqu’il aura eu l’autorisation, Dagoni services couvrira l’ensemble de l’île, et pourra mettre en place l’assistance pour les courses, les repas, la toilette, l’assistance administrative, pour les personnes âgées, qui rémunèrent ces services grâce à l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) à laquelle elles sont éligibles depuis le 1er janvier 2016. Il est appuyé pour ce dossier par le CJD, le Centre des Jeunes dirigeants d’entreprises de Mayotte.
Bientôt la déduction fiscale de 50%
Mirhane à d’autres cordes à son arc : « J’ai monté une société de services à la personne, adhérente à la Fédésap. Ils sont plus généralistes, et ne se portent pas seulement sur les personnes âgées, mais des particuliers ou des entreprises, à qui je peux proposer du personnel de ménage, de conduite des enfants à l’école, des courses, etc. »
Il colle ainsi à l’actualité et à la parution du décret d’avril 2016 précisant l’application de la loi de l’Economie sociale et solidaire à Mayotte. Les particuliers-employeurs ne peuvent pas encore pratiquer la déduction fiscale de 50% comme en métropole, mais c’est une question de quelques mois selon lui.
Enfin, il a proposé sa candidature pour être délégué à la Fédésap (Fédération de Services à la Personne) : « Je pars d’ailleurs au Salon qui leur est dédié le 15 novembre à Paris, pour voir ce qui se fait ailleurs. »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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