Les besoins de coopération décentralisée et de renforcement de l’intégration régionale avaient été listé en 2014 déjà, et ont débouché sur la signature d’une convention, motivée par une volonté partagée d’engagement dans les domaines du développement durable, de la médiation sociale, de l’Aménagement du territoire et de la Coopération décentralisée.
Le 1er volet portera donc sur les problèmes d’intégration des Mahorais à La Possession, « qui ne sont pas toujours les mêmes que ceux des comoriens. Or, les Réunionnais n’arrivent pas toujours à distinguer les deux communautés, et d’autre part, les Mahorais partent parfois pour y trouver des allocations aux meilleurs taux qu’à Mayotte, mais perdent leurs repères. Il faut rapprocher les communautés en expliquant les comportements, sans les excuser », explique Bacar Ali Boto, 1er adjoint au maire de Mamoudzou.
« Condamnés à trouver des solutions en commun »
En écho, Gilles Hubert, 1er adjoint de Vanessa Miranville, maire de La Possession, évoque une communauté Mahoraise « repliée sur elle-même, ce qui nuit à leur intégration. Cette méconnaissance de l’autre, entre Mahorais er Réunionnais peut alors déboucher sur du racisme. Il faut enrichir les échanges, ce que font déjà très bien les associations culturelles. »
Il a d’ailleurs une vision régionale du traitement des déchets : « Il faut l’envisager à l’échelle de l’océan Indien, et non pas île par île. Nous sommes condamnés à trouver une solution en commun. »
Les villes ne sont pas de même taille, 32.000 habitants pour La Possession, le double pour Mamoudzou où l’actualisation de recensement de 2012 porte à plus de 60.000 le nombre d’habitants, « mais nous avons des problématiques comparables, comme un chômage élevé ou le manque de logement », relève l’élu réunionnais.
Domination Réunionnaise
Les élus de Mamoudzou ont choisi La Possession « pour son rôle leader dans la coopération régionale, et l’expérience que ses élus peuvent nous apporter », souligne Bacar Ali Boto. Les agents de la commune vont partir en stage d’immersion, « c’est déjà le cas pour nos policiers municipaux », les élus aussi, « pour rapporter de notre côté le problème que nous avons avec certains réunionnais ici à Mayotte, qui affichent leur domination, on pourrait presque parler d’impérialisme. Cela se traduit dans les politiques pratiquée par l’ARS ou la CAF, essentiellement tournées vers La Réunion. »
Travailler sur les incompris, c’est le travail initié depuis plusieurs années déjà par une autre structure, la Délégation de Mayotte à La Réunion, « des initiatives qui restent cloisonnées au niveau du département, nous aimerions être intégrés », glisse Bacar Ali Boto.
C’est la première fois que Gilles Hubert foule le sol Mahorais, et s’il a chaud dans son costume, l’île ne lui déplaît pas, « elle me fait penser à La Réunion d’il y a 10-15 ans, avec un potentiel de développement énorme. N’allez pas trop vite, et surtout, gardez le meilleur de votre culture, en y ajoutant les bénéfices de la République Française. »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte