Alors que Mamoudzou inaugurait hier matin 4 camions de collecte des déchets, le hasard du calendrier a voulu que le même jour, le SIDEVAM 976, en charge de la collecte et des déchets pour le reste de l’île, signe à Dzoumogné son premier contrat d’objectif déchets Outre-mer (CODOM) avec l’établissement public de l’ADEME, l’Agence de développement et de la maitrise de l’énergie.
Si le syndicat intercommunal n’avait pas encore signé de contrat d’objectifs, c’est d’abord parce qu’il suivait jusqu’à présent les directives du Plan d’élimination de déchets ménagers et assimilés PEDMA, « mais aussi, parce qu’il fallait gérer l’urgence, nous partions de rien ! », explique Denis Chopin, directeur général des services au SIDEVAM 976. Qui souligne que c’est le 1er syndicat mixte à signer cette nouvelle génération de contrat.
Les problématiques de l’île sont intégrées sans concession dans ce contrat : Une population peu familiarisées avec les gestes vertueux d’où une forte prévalence des comportements néfastes, comme l’absence de tri, des dépôt de sac en dehors des bacs de collecte, dépôts sauvages dans la nature, et une part importante de la population qui ne maitrise pas le français nécessitant une adaptation des moyens de communication, ou encore l’urbanisation informelle importante conduisant au développement de ‘quartiers spontanés’ inaccessibles aux services de collecte, une part de la population en situation irrégulière, pour laquelle la question des ordures ménagères n’est absolument pas une priorité, etc.
« Les organismes de recyclage n’investissent pas assez »
Fermer les décharges à ciel ouvert, se doter des infrastructures nécessaires… Il a fallu beaucoup d’énergie, et des résultats sont au rendez-vous. Bien que le travail soit encore immense, et les tas sur les bords des routes en témoignent, l’organisation s’affine peu à peu : « Ce contrat définit ces évolutions, et nous projette sur deux axes, la réduction de la production des déchets et l’optimisation de leur valorisation », la seconde ayant un impact évident sur la première.
Le seule installation de stockage de l’île, l’ISDND de Dzoumogné, est en effet prévue pour une quantité finie de déchets, 2 millions de m3 et sur 30 ans. Les dépôts actuels sont en deçà des prévisions, tant mieux, mais il faut d’un côté anticiper la croissance de la population, et de l’autre, recycler au maximum.
Des organismes de recyclage sont déjà présents à Mayotte, « comme Eco-emballages et Eco-systèmes, mais ils n’investissent pas assez dans la filière. » Le syndicat veut inciter Eco-textiles, ou Eco-DDS (peintures et solvants), à s’implanter. La valorisation des cartons pourrait être opérationnelle mi-2018.
1 million d’euros jusqu’en 2020
L’investissement total du contrat d’objectifs jusqu’en 2020 se monte à 1 million d’euros, un montant somme toute modeste, financé à 71% par le SIDEVAM976 et 29% par l’ADEME. Il cible un certain nombre d’actions de collecte, de traitement, et de gouvernance. Dont la collecte périodique des déchets d’équipement électriques et électroniques (DEEE), la collecte des déchets verts qui représentent quand même 20 à 25% des déchets, ou l’optimisation de la collecte des déchets ménagers.
En matière de traitement, il sera question de réhabiliter les 4 anciennes décharges, mettre en place le réseau des déchetteries, où les particuliers pourront venir déposer leurs déchets autres que ménagers. A ce sujet, le SIDEVAM976 a lancé un appel d’offre sur 8 déchetteries, « la première devrait être livrée début 2018, et les autres d’ici 2020 », annonce Denis Chopin.
Un plan qui doit malgré tout toujours répondre à l’urgence dans certaines communes, et malgré les 700 bacs déployés sur l’île, hors Mamoudzou qui a son propre système de collecte avec la STAR.
Collecte séparée en fonction des déchets
C’est le cas à Koungou où les déchets s’amoncellent parfois régulièrement au pied de la route menant à la mairie. « Par manque de bac, et cela devrait s’améliorer avec une nouvelle distribution à venir fin novembre, mais nous devons aussi revoir le circuit de la collecte, comme c’est le cas actuellement avec la collecte séparée des flux en séparant les déchets ménagers, des encombrants, de la ferraille ou des déchets verts. Ce calendrier existe, nous devons davantage communiquer. » La communication apparaît comme un des ressort, que le SIDEVAM va d’ailleurs actionner, tel que le prévoit le CODOM, « c’est important parce qu’on s’aperçoit qu’en fait, les Mahorais ne savent pas quoi faire de leurs déchets ! »
Un gros travail est à faire par les communes, sur la propreté urbaine, qui permettra d’accueillir dignement les touristes, comme le soulignait ce mercredi matin Assani Saindou Bamcolo, président du SIDEVAM976, mais aussi maire de Koungou.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte