Echanges de numéros de téléphones, découvertes des fonctionnements mutuels, mémos… Non, nous ne sommes pas à un rencart d’ados. La rencontre entre les acteurs intervenants sur le milieu scolaire et l’accès à l’emploi des jeunes handicapés n’était pas superflue ce jeudi matin à la Cité des métiers. Ce n’est pas tout à fait surprenant. La Maison départementale des personnes handicapées n’a que 6 ans, et le Prith, Plan régional l’insertion professionnelle des Travailleurs handicapés, est né l’année dernière.
On sent néanmoins une réelle volonté d’avancer au département, et le Prith propose une vraie Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, là où elle se concentrait sur une petite journée il y a peu. (Programme)
Le Vice-rectorat tentait ce jeudi un premier état des lieux du devenir des élèves en situation de handicap, « nous manquons de données fiables », glissait Christelle Charrier, Inspectrice de l’Education nationale en Adaptation Scolaire et Scolarisation des élèves Handicapés, avant de présenter la stratégie désormais mise en place à travers les premiers bulletins de suivi personnalisés, et bientôt numérique.
Après la classe de 3ème, sur 66 demandes d’orientation, si 3 élèves ont pu être intégrés en enseignement général, 44 ont été orientés vers l’enseignement professionnel (39 en CAP et 4 en seconde professionnelle avec aides humaine et pédagogique adaptées), et 18 vers un établissement médico-social, en Institut médico-éducatif (IME). « C’est très tardif à leur âge », remarquaient les professionnels.
Un problème d’orientation par la MDPH dès la prime jeunesse se pose donc, et en particulier le manque de places en IME, qui incite à orienter vers les classes ULIS, ces Unités localisées pour l’inclusion scolaire, où les élèves ont des temps partagés en classe traditionnelles. Avec comme objectif l’inclusion, mais en fonction des capacités et des handicaps de l’enfant.
Après le lycée professionnel (seuls Kawéni et Bandrélé intègrent des ULIS), le suivi de l’élève est encore plus compliqué, « la plupart sont majeurs », deux sont partis en métropole, « dont un en apprentissage cuisine », d’autres sont apprentis boulanger ou caissiers sur l’île. « Beaucoup d’élèves en handicap moteur léger ne demandent pas des orientations spécifiques, alors que cela les avantagerait. »
Le rôle central de l’enseignant référent
Posséder des données fiables permettrait de mettre en place une politique adaptée, surtout que le nombre d’élèves concernés n’est pas élevé. C’est ce que propose le Prith à travers un fichier Excel de suivi de la scolarité de l’élève, et pour l’après. Le vice-rectorat avance lui aussi ses outils, un Livret scolaire unique numérique (LSUN), « on le démarre », et bientôt « un fichier ‘Folio’, support numérique des parcours éducatifs. »
Le rôle des enseignants référents est essentiel lors de la bascule vers la vie professionnelle : informations, conseils, travail du parcours avec le jeune, « nous avons notamment un Parcours avenir dès la 6ème pour une découverte du monde de l’entreprise », relate Christelle Charrier. Ils sont là aussi pour raisonner le jeune et adapter ses objectifs, « l’un d’entre eux en classe ULIS collège pour un handicap moteur voulait être médecin, nous avons cherché quelle profession de santé il pouvait exercer ».
Une place leur est réservé en formation
Pour améliorer la transition scolarité-monde professionnel, les acteurs mettent en place une fiche liaison, destiné à l’organisme que le jeune va intégrer. Âgés pour la plupart entre 16 et 25 ans, ils se rendent généralement en premier à la Mission locale (sous réserve d’avoir au moins un titre de séjour) pour chercher un emploi, qui était également présente : « La fiche de liaison est importante pour évaluer leurs capacités. Nous pouvons leur proposer un Contrat d’insertion à la vie sociale qui mobilise une petite allocation, ou un dispositif d’Insertion emploi Jeunes, ou un CUI. »
En dehors de ces contrats spécifiques, dans lesquels on range souvent trop facilement les jeunes en général, on imagine les difficultés qui attendent ceux qui souffrent de handicap, sur un marché du travail en tension : 1.500 jeunes sont suivis à la Mission locale, dont 60 en situation de handicap. Ils sont 92 adultes dans ce cas au Pôle emploi.
Et en matière de formation professionnelle, seul ACE-Msaidihé est spécialisé vers ce public, « mais pour la première fois, le conseil départemental a précisé dans sa commande de formation qu’une place soit réservée aux personnes souffrant de handicap », soulignait François de Lavergne, Prith. Un effort est encore à fournir sur le délai de notification des formations aux organismes de formation professionnelle.
La préoccupation est nouvelle, mais les premiers échanges entre les acteurs vont déboucher sur un partage des données et des ambitions, se promettaient-ils.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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