C’est à une semaine riche de rendez-vous tenus que nous a convié la CCI de Mayotte, qui n’aura jamais été aussi dynamique. Retapée par une tutelle de l’Etat qui a donné les grandes orientations, la Chambre de commerce et d’Industrie nous fait entrevoir un avenir prometteur pour l’économie de Mayotte. Et on espère beaucoup de la transition dans la continuité avec la reconduction Ali Hamid à sa tête.
Alexandre Kesteloot, Directeur du pôle Entreprise à la CCIM, et Mohamed Yourgo, Responsable service développement durable et environnement, ont managé le Forum de l’économie circulaire, sociale et solidaire de mains de maître, vulgarisant le concept, et proposant des conférences avec experts et ateliers à l’appui. Le point d’orgue était l’accompagnement de 7 porteurs de projets dans le cadre du nouveau concept de Start Camp (Lieu de création et de rencontre), uniquement spécialisé en ESS. Ils étaient audités ce vendredi.
Tri sélectif, crowdfunding et éco-gîte
Saïd Inroine est tout timide. C’est d’une petite voix qu’il nous parle de son projet, lui qui devra le défendre pendant un quart d’heure devant le jury : « J’ai imaginé créer des bornes de tris sélectifs, non pas en plastique, mais en matière naturelle coco-bois-déchets verts. » Grâce aux 3 jours d’accompagnement de la CCI, il a appris beaucoup : « A mettre en avant mon projet, et à trouver la voie pour générer des recettes. »
Ils sont deux, côte à côte, à relire leurs feuillets : Nazir Abdallah a un master d’ingénierie financière et avec Samine Aboubacar, Master informatique et statistique, il a pensé à monter une plate forme de financement participatif « Zeprojet ». « Ce serait la première plateforme Mahoraise de crowdfunding, pour laquelle nous travaillons déjà en partenariat avec Oudjerebou et la BGE, et nous sommes en discussion avec la CCI », expliquent-ils. En gros, tous les autres candidats pourraient avoir besoin de ses services.
Revisitant le tourisme, pour un mode adapté à l’île, Laurent Gaubert a eu l’idée d’un éco-gîte solidaire en Petite Terre, « un lieu où les touristes et la population locale pourront se retrouver, personnes âgées et plus jeunes, pour ressouder le lien social, le tout avec un potager solidaire. »
Maraîchage, valorisation de DEEE, formation au développement durable
Aurore présente un projet voisin, mais pour les jeunes de Mamoudzou sud, « autour d’un lieu réservé au maraîchage, qui permettra de créer ensuite une cantine solidaire et une douka solidaire, un atelier d’artisanat, etc. »
L’un d’entre eux n’est pas un inconnu des projets à succès puisque il a remporté le concours national Adie pour un projet de récupération de déchets ménagers. Bacar Abdallah fait mieux que proposer de valoriser les DEEE (Déchets d’équipements, électrique et électroniques) avec sa société Maydispo, située en Vallée 3, puisqu’il veut mettre en place une formation : « Nous déployons tous beaucoup d’efforts, mais il y a encore beaucoup de déchets d’encombrants. Il faut donc former et sensibiliser les techniciens et réparateurs d’électroménager. »
Hassane Mlahara propose aussi de former les jeunes au développement durable, « à partir d’une plateforme alliée à ses sœurs comoriennes, et de Diego et Majunga. » Il s’agit de créer des synergies entre acteurs, « par exemple la coopérative de pêcheurs de Pamandzi, pourrait mettre à disposition un espace pour faire de la transformation-vente. La plus-value nous permettrait de financer l’insertion de ces jeunes. »
Des projets boostés
Enfin, c’est dans la verdure et la relaxation que le duo Natacha Moustoifa et Franck Toy nous emmène, « dans le mieux être et la santé au naturel », lancent-ils après avoir longuement répété leurs échanges devant le jury : « Nous voulons agir sur l’alimentation saine et une thérapie alternative faite de relaxation, de massage et de détente, et de soins par les plantes médicinales. »
Le stress monte chez les candidats. Feuilles manuscrites en main, chacun répète, Hassane Mlahara s’isole, il est tendu au moment de se présenter devant le jury, enfermé dans une salle de la Société Immobilière de Mayotte (SIM), et composé de la Dieccte, de la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire (CRESS), du conseil départemental, du service du SGAR, de l’Ademe, de l’AFD.
Alexandre Kesteloot et Mohamed Yourgo avaient invité pour ces 3 jours de briefing deux spécialistes de l’accompagnement, Laurent Geaurgeault, Institut d’économie circulaire et Enora Guerinel, Ronalpia. : « Après les avoir entendus, le jury fera un retour aux candidats. Certains postuleront pour l’incubateur Mayutopie, les autres seront accompagnés dans les autres programmes de la CCI ».
En attendant, les candidats ont une meilleure vision de leur entreprise, « et certains sont déjà repartis avec des rendez-vous avec des financeurs. »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte