Le directeur de Météo France Mayotte, Bertrand Laviec, et son adjoint Ali Madi, vont dans un 1er temps « former des enseignants qui formeront à leur tour des élèves », un temps que la vice-recteur Nathalie Costantini souhaite le plus rapide possible, avant que les formés ne quittent le territoire : « Il faut surtout toucher les élèves qui ont du mal à se projeter surtout ici à Mayotte. »
Elle a été entendue, puisque Bertrand Laviec et Ali Madi, ont déjà commencé à dispenser des formations : « Nous fonctionnons autour de 3 axes, la formation des formateurs, mais aussi ‘vous chez nous’, avec la visite de nos installations par les scolaires, et ‘nous chez vous’ avec nos déplacements dans les classes », et le météorologue le répète à plusieurs reprises avec un grand sourire, « nous aimons partager notre savoir, je suis impatient de continuer cette mission. »
« Une matière accessible à tous », comme l’évoque son big boss interrégional pour l’océan Indien, David Goutx : « N’importe qui peut observer les nuages annonciateurs de pluie, c’est gratuit, encore faut-il savoir lequel… Une connaissance qui peut ensuite mener loin, notamment sur des applications numériques. »
La météo, une filière trop négligée
Le triple objectif poursuivi à court terme, est de promouvoir la science et la technique, de valoriser les métiers et les activités de la météorologie et de développer les connaissances dans ces domaines en participant à la formation des personnels.
Et à moyen terme, de provoquer de l’ambition chez les jeunes et faciliter leur insertion professionnelle, comme le dira la vice-recteur : « Nos élèves n’osent pas s’engager dans les études scientifiques parce qu’ils n’ont pas confiance en eux. Surtout, ils ne savent pas quels secteurs professionnels sont accessibles ici, ce qui ne les motive pas dans leur choix de filières. » Bertrand Laviec en profitait pour annoncer qu’ « un jeune mahorais a été reçu au concours de technicien supérieur en météorologie l’année dernière. »
Les initiatives pourront prendre la forme de découvertes scientifiques avec des conférences ou ateliers pédagogiques sur les mesures météorologiques, les prévisions, les phénomènes météorologiques, la climatologie, les changements climatiques, les risques météorologiques, la météo aéronautique, des découvertes professionnelles avec une présentation des métiers de la météorologie, des activités et de l’organisation de météo-France, ou un accompagnement pédagogique par un soutien scientifique à des projets pédagogiques, formation d’enseignants, accompagnement d’élèves, expositions…
Sciences contre superstition
La formation s’adresse aux 5.800 enseignants de Mayotte, sans priorisation de disciplines scientifiques, « tous les collèges peuvent être concernés ». En particulier les 15 classes qui ont décidé de participer à Mayotte au Concours national des Services de Météo France, le Prix Perrin de Brichambaut.
Créé en 1997, il s’adresse aux écoles primaires, aux collèges aux lycées qui ont réalisé un projet dans le domaine de la météorologie ou du climat au cours de l’année scolaire. Les dotations récompensent les trois meilleurs projets d’établissements scolaires : 1er prix de 700 €, 2ème prix 500 €, 3ème prix 300 €. La vocation de ce concours est de promouvoir et d’encourager l’action culturelle et scientifique des établissements scolaires et plus spécifiquement dans les domaines de la météorologie et du climat.
Cette approche scientifique va aussi permettre d’amener de la connaissance au cœur des discussions familiales, les phénomènes météorologiques exceptionnels étant souvent vécu avec fatalisme ou superstition, comme on avait pu le voir lors du phénomène de l’éclipse de soleil de septembre dernier.
Un événement qui avait aussi séduit petits et grands, prétexte, comme le rappelait la vice-recteur, à entamer une réflexion à la fois scientifique, mais aussi historique sur la perception de différentes civilisations des phénomènes exceptionnels, et même poétique, « José Maria de Hérédia a écrit de jolis vers sur les phénomènes météo », glissait Bertrand Laviec.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte