Les enseignants ont eu leur journée de rentrée, les chefs de service, cadres de directions affectés dans le département, les grands opérateurs, les élus des collectivités locales, ont eu la leur, placée sous le thème du risque climatologique. Pendant une demi-journée, ils ont été sensibilisés aux spécificités de Mayotte en matière de risques cycloniques, mais aussi aux phénomènes météorologiques dangereux (fortes pluies, fortes houles, vents forts, orages). C’est aussi l’occasion de faire le point sur la saison passée, revenir sur les prévisions saisonnières, et les différents systèmes d’Alerte Cyclonique et de Vigilance.
Depuis 1974, Mayotte n’a pas véritablement connu de cyclone, en dehors de la queue d’Hellen en mars 2014, et il est toujours bon de se rappeler l’hyper puissance de ces phénomènes, responsables de 30% des dégâts provoqués par les risques naturels et de 20% de la mortalité.
Et l’année dernière fin avril, l’un d’entre eux a provoqué des sueurs froides aux responsables de Météo France qui l’avaient vu venir : Fantala a heureusement dévié de sa trajectoire et s’est affaibli, mais il s’en est fallu de peu « avec des vents de 320 km/h », rappelle Bertrand Laviec, Directeur de l’antenne locale de Météo France.
L’américain sur le podium avant les choux
Mais pour d’autres systèmes, nos services météo ont été moins performants. Et dans ce domaine, rien n’est constant, comme le fait remarquer David Goutx, Directeur Interrégional de Météo France océan Indien : « Sur la saison 2014-2015, le modèle américain était très bon, l’européen arrivait derrière, puis l’anglais, et le français était loin derrière. Mais, la saison suivante, le modèle américain était dans les choux, alors que l’Européen a été très bon ! »
Une histoire de fonctionnement de systèmes, l’européen préférant vraisemblablement les bizarreries : « Toute la saison 2015-16 était marquée par des systèmes atypiques qui se dirigeaient vers le sud-est, et non plus sur une trajectoire est-ouest. Les modèles anglais et américains n’ont pas été performants, mais c’est aussi lié aux priorités de moyens donnés dans certaines zones du monde. »
Les pays font évoluer leurs modèles en permanence, « le Centre de calcul européen aurait du écraser tout le monde, mais une erreur de réglage a induit une perte de performance, rattrapée plus tard. » Tout change en permanence donc, et il est difficile de dire si l’année prochaine, les trajectoires les plus précises seront données par l’américain GFS, l’européen CEP ou le français Arôme.
Le top départ de la course à la saison cyclonique
Météo France ne vend pas seulement sa boutique en avançant que ses services compilent plusieurs modèles, il se positionne sur la ligne de départ comme les autres : « C’est comme une course de Formule 1, tous sont bons, les moteurs sont excellents, mais un réglage sera meilleur que les autres. »
Cette année, les deux météorologues annoncent des trajectoires zonales, « en ligne droite d’est en ouest », et non plus parabolique « vers le sud-est comme les deux années précédentes. »
Attention donc au fameux bouclier Malgache, qui encaisse pour nous les cyclones en absorbant leur énergie qui ne se regonfle qu’au dessus des eaux chaudes, mais qui n’empêchera pas un système qui poursuit sa trajectoire est-ouest au nord, de s’engouffrer dans le canal du Mozambique. Nous ne sommes pas inquiets sur la quantité d’informations à soutirer à Bertrand Laviec lors des premières perturbations : à peine sorti de son hibernation, il ne compte pas son énergie pour partager sa passion pour les trajectoires de cyclone.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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