La société Panima, également propriétaire de la SAS Mayotte CHR, livre des repas préparés à plusieurs établissement scolaire, au Centre de rétention administratif, à Air Austral, mais surtout au Centre Hospitalier de Mayotte. Pour ce dernier, « elle assure une mission de service public par délégation », nous a confirmé la préfecture.
Peu de temps après l’échec des négociations hier vendredi, le préfet a pris un arrêté de réquisition en ordonnant à la gendarmerie d’intervenir pour libérer la sortie des camions afin de livrer le Centre Hospitalier et extraire le directeur Ivan Mercier. Au cours de cette opération, des grévistes auraient été bousculés par les gendarmes, dont deux femmes enceintes. La tension est encore montée d’un cran chez les grévistes. Suffisamment pour les inciter à provoquer un incendie ?
Caméra de surveillance hors champ
Les grévistes de la CGT Ma s’en défendent : « Ils se sont au contraire relayés pendant la nuit pour surveiller la voiture du directeur, stationnée à l’extérieur », nous explique Salim Nahouda, secrétaire départemental CGT Ma. Du côté de FO, syndicat majoritaire, la déléguée nous a seulement confirmé le départ de feu en matinée, mais clame son absence de la zone à ce moment là. Les délégués territoriaux que sont El Hanziz Hamidou et Siaka Ali sont absents du territoire.
En tout cas, la caméra de surveillance du site serait inexploitable, « elle est en panne depuis plusieurs semaines », assurent les grévistes, et le gardien n’aurait rien vu. Il faut dire que selon leur positionnement lors de l’incendie, le feu serait parti de l’arrière des camions, un accès proche du grillage, et abrité de tout regard depuis le bâtiment et de la caméra de surveillance. Un pan de grillage manque d’ailleurs à cet endroit. Des grévistes ont fait passer une vidéo de l’incendie aux gendarmes, « pour leur prouver que nous ne sommes pas impliqués. »
« Conditions de travail difficiles »
Une réunion de dialogue devait se tenir aujourd’hui samedi à La Direction du travail (Dieccte) entre Ivan Mercier le directeur de la société Panima, et les grévistes. Mais l’absence des délégués FO (Siaka ne reviendrait que lundi) pourrait en retarder la mise en œuvre. Salim Nahouda pour la CGT Ma, indique être prêt à s’asseoir autour d’une table de négociation immédiatement, « comme nous le demandent nos salariés syndiqués. »
En ce qui concerne le dialogue social dans l’entreprise, il avait été jusqu’à il y a deux ans maintenu « malgré les conditions de travail difficiles », nous explique un ancien syndicaliste. Nouvelle direction, nouveaux délégués syndicaux, la mayonnaise n’aura pas pris. Il va donc falloir pour Dominique Ledemé qui assure l’intérim de la direction de la Dieccte, aider à nouer un respect mutuel entre direction et salariés.
« Le préfet est très inquiet pour la livraison des repas à l’hôpital et aux établissements scolaires dans les jours à venir », indique sa directrice de cabinet Florence Ghilbert-Bézard.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte