Jamais depuis son indépendance en 1960, Madagascar n’avait accueilli une réunion internationale de cette ampleur. La cérémonie d’ouverture du 16e sommet de la francophonie ce vendredi a ainsi réuni 17 chefs d’Etat et de gouvernement dont 12 africains. Il y en avait deux de plus à Dakar en 2014, lors du précédent sommet.
Ainsi, les présidents ivoirien, Alassane Ouattara, béninois Patrice Talon, guinéen Alpha Condé et togolais Faure Gnassingbé étaient absents pour des raisons personnelles ou politiques. Le président Joseph Kabila de RD Congo, le pays francophone le plus peuplé au monde, fortement critiqué par Paris ces dernières semaines, n’a pas fait le déplacement non plus. Le Camerounais Paul Biya et le Malien Ibrahim Boubacar Keïta n’étaient également pas présents. Enfin, le roi du Maroc Mohammed VI, à Madagascar depuis une semaine n’a pas assisté à la cérémonie.
Sécurité et lutte antiterroriste
Après un rappel minimum sur la démocratie et les nécessaires «élections libres et transparentes», François Hollande a rappelé que la question de la sécurité était également incontournable au sein de l’organisation de la francophonie. D’abord parce que Madagascar, le pays hôte, est le théâtre de nombreux enlèvements chaque année qui peuvent aller jusqu’à l’assassinat d’étrangers et en particulier de ressortissants français.
Cette inquiétude, François Hollande l’a évoqué avec son homologue malgache, Hery Rajaonarimampianina, assurant vouloir travailler «pour plus de sécurité» avec les autorités de Madagascar où vivent également près de 20.000 Français.
De sécurité, il en a été aussi question alors qu’un attentat de «grande ampleur» vient d’être déjoué en France, et que de nombreux pays africains vivent sous la menace permanente d’attaques djihadistes. François Hollande a rappelé l’objectif de la France de renforcer «les capacités des forces africaines pour qu’elles assurent elles-mêmes la sécurité du continent».
Il a également plaidé pour « la mise en place d’un réseau francophone de lutte contre la radicalisation pour échanger des informations, partager des pratiques efficaces et mettre en place des programmes ».
Le Canada promoteur des libertés
Mais c’est le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, qui a marqué les esprits par la grande liberté qu’il s’est autorisé pour aborder des sujets parfois sensibles dans certains pays francophones. Se déclarant «féministe», sous des applaudissements nourris, il a dénoncé le fait que «trop souvent, les femmes et les filles se voient mariées en bas-âge, sans leur consentement, elles se voient interdire l’accès à l’avortement de façon libre et sécuritaire, elles sont soumises à des mutilations génitales. C’en est assez. Il n’existe aucune excuse pour ces pratiques».
Il a notamment exhorté les hommes à s’investir dans la cause féministe: «C’est une affaire qui engage toute la société, a-t-il avancé. Les hommes se doivent de se lever pour défendre et promouvoir les droits des femmes. »
Originaire d’un pays très ouvert aux différences, il s’est également fait le défenseur de minorités à l’image des «communautés gays, lesbiennes, bisexuelles et transgenres», dont les membres «souffrent de discrimination dans trop de pays, y compris des membres de la francophonie», a-t-il dit.
Justin Trudeau a également évoqué la radicalisation de jeunes menant au terrorisme, de même que Michaëlle Jean, la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).
La culture et la santé
Après le Sénégal, c’est donc Madagascar qui accueille le grand événement politique de la Francophonie, alors que la maîtrise du français est en recul dans le pays. Si elle reste, avec le malgache, la deuxième langue officielle de Madagascar et la langue des affaires, de l’administration, de l’enseignement supérieur et de nombreux médias, seuls 20% des Malgaches la maîtrisent. (Voir l’article du Monde sur le sujet).
Le financement de la culture et de la création en Afrique fait d’ailleurs partie d’un des deux événements organisés par la France en marge du sommet. Le second porte sur les questions de santé.
De l’air, avant une longue et incertaine campagne
A Madagascar, le sommet s’achèvera en début d’après-midi ce dimanche, par une conférence de presse conjointe du chef de l’Etat français et de son homologue malgache.
Alors que la situation politique n’est guère confortable pour lui à Paris, François Hollande a profité de ce weekend pour prendre un peu distance avec la vie politique française alors que les résultats de la primaire de la droite seront connus ce soir et que l’on évoque l’annonce imminente de sa candidature à sa propre succession. Une chose est sûre, François Hollande n’aura pas profité de l’occasion de son passage dans l’océan Indien pour aller saluer ses concitoyens de Mayotte ou de La Réunion… Mais la campagne de 2017 n’a pas encore commencé.
RR
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