L’Intersyndicale du conseil départemental qui s’était mobilisée il y a 3 mois, invitait ce jeudi matin les agents à une assemblée générale, pour faire le bilan sur l’état d’exécution du protocole de sortie de grève du 5 septembre 2016. Il s’agissait de pointer les échecs et de lister les avancées.
Mais en toile de fond, c’est l’immobilisme de l’administration qui est pointée du doigt : « Aucune organisation n’est fonctionnelle, l’organigramme n’est toujours pas opérationnel, 2 ans après son élaboration », accuse un cadre, « et pourtant, il y a des gens qui veulent bosser au département, dont des masters qui attendent qu’on les utilise. »
L’AG se tenant sur le temps réservé à l’information syndicale, l’hémicycle était bondé, plus une place sur les marches.
La plupart des points relèvent du droit du travail mais traduisent la légèreté, avec laquelle ils seraient pris en compte par l’administration centrale.
Tout ou rien
Ce qui avait incité les agents à descendre dans la rue, c’était la suspension de l’indexation préconisée par la Chambre régionale des Comptes, que le préfet était parvenu à éviter. Mais restait le sort des contractuels, « sur 33 concernés, 22 ont bénéficiés de mesures compensatoires, sans que cela soit justifié. Un comportement clientéliste de plus ! », dénonçait Askandari Alloui, un des leaders de l’Intersyndicale.
Autre point, soulevé par Haoussi : la transposition par le président du conseil départemental d’un nouveau régime indemnitaire, « alors qu’il ne concerne que le personnel de l’Etat », qui se traduit par « une baisse dès ce mois ci sur nos feuilles de salaires », mais sans compensation d’une prise en charge de l’ancienneté, « puisque le décret qui reprend l’ancienneté de service, à 100% à partir 2009, et au trois quart avant, ne concerne que le personnel de la fonction publique d’Etat. Il faut tout transposer ou rien ! »
Le mode de titularisation des contractuels de catégorie A et B ayant plus de 4 ans de maison, avait été débattu en septembre. La méthode par sélection ayant été jugée trop risquée, « étant donné que c’est souvent à la tête du client », il lui a été préféré le concours. « Or, les textes ne le prévoient que pour les catégories A+ ».
La gestion de Bamana sans relais
Quant aux listes d’aptitude pour passer de la catégorie B à A, les postes sont bien créés, mais « maladroitement dans leur nomination », « certains catégorie B effectuant toujours des tâches de catégorie C. » Ils sont 30 à être ainsi assis entre 3 chaises…
Dans les Unités d’action sociale (UTAS), « rien n’a évolué », critique un des responsables, quand une autre interpelle, « que sont devenus les 12 recrutements de travailleurs sociaux médiatisés ? », interroge une militante. Ils avaient normalement été affectés dans les UTAS justement. Des interpellations qui attendent des réponses et des réactions de la présidence.
La liste s’allonge jusqu’aux infirmiers des PMI, « qui effectuent des tâches hors de leur champ de compétence », puisque face à la congestion des soins, l’IGAS leur propose à titre dérogatoire, de pratiquer de manière autonome certains actes médicaux et de prescrire, le cas échéant, des médicaments. « Nous leur demandons d’arrêter de piquer et d’effectuer les actes pour lesquels ils se mettent hors la loi, et dès le 5 décembre. »
Un des cadres du conseil départemental qui a connu la gestion Bamana, regrette amèrement que le témoin n’ait pas été transmis : « Quand quelqu’un de sa famille lui demandait de faire évoluer l’un des siens, il répondait, ‘tant que je serai à la tête du conseil général, mes fils ou filles ne passeront devant personne’. Maintenant, chacun ne pense qu’à en profiter. »
Une hauteur de vue qui n’a apparemment laissé aucune miette…
Les agents vont poursuivre les échanges, mais Askandari Allaoui annonce une probable manifestation dans la rue en janvier ou février.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte