Les sondages ne cessent de démontrer leurs limites mais ce sont pourtant les enquêtes d’opinion qui ont sans aucun doute décidé François Hollande à ne pas briguer un second mandat. Et sans surprise, la déclaration du président de la République a également donné lieu, immédiatement, à une nouvelle enquête instantanée d’Harris interactive pour RMC. Selon ce sondage, 82 % des Français interrogés disent «approuver» la décision du président de la République de ne pas se représenter. Ils sont 4% à désapprouver son choix, 14% répondant ne pas avoir d’opinion en la matière.
Interrogés sur la personnalité que les sondés souhaiteraient voir désignée à l’issue de la primaire organisée par le Parti socialiste et ses alliés pour choisir leur candidat à la présidentielle, les sondés placent Manuel Valls en tête avec 24% des voix (+ 5% par rapport au précédent sondage du 21 novembre) devant Arnaud Montebourg, 14% (inchangé).
«Respect» et «fidélité» pour Valls
Le Premier ministre a d’ailleurs été une des premières figures politiques à réagir. Manuel Valls a salué «un choix difficile, mûri, grave. C’est le choix d’un homme d’Etat. Je veux dire à François Hollande mon émotion, mon respect, ma fidélité et mon affection», a écrit le chef du gouvernement dans un communiqué… sans pour autant évoquer une éventuelle candidature à la primaire de la gauche.
«Ministre de l’intérieur, puis premier ministre, je connais son courage, son sang-froid, celui d’un grand dirigeant, qui a su affronter des épreuves douloureuses pour la France. Il l’a fait avec un souci constant, protéger nos concitoyens, réformer notre pays, assurer son redressement dans la justice. L’action se poursuit et je ne doute pas que ce quinquennat sera apprécié à sa juste valeur : cinq années de progrès pour la France et les Français.»
«L’homme des avancées sociales à Mayotte»
A gauche, à Paris comme à Mayotte, les réactions évoquent «l’élégance» et la «clairvoyance» du président. Pour Issihaka Abdillah, l’ancien conseiller général (PS) de Bandraboua, «la non candidature de François Hollande à l’élection présidentielle de 2017 en a surpris plus d’un. Je relève néanmoins beaucoup de lucidité dans son propos. On peut ne pas être d’accord avec son action mais je n’ai pas à rougir de son bilan. François Hollande sera et restera l’homme des avancées sociales à Mayotte même si tout n’est pas encore réglé. Je salue l’homme d’Etat intègre et le socialiste convaincu».
Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, a relevé la «hauteur de vue, le sens de la France» de François Hollande. Emmanuel Macron, l’ancien ministre de l’économie et candidat à la présidentielle, parle lui d’«une décision courageuse et digne».
«Bilan controversé»
Mais déjà, beaucoup prennent déjà leur distance. En meeting, Arnaud Montebourg, candidat à la primaire de gauche, a lui aussi salué la «décision courageuse» de François Hollande, une attitude qui lui vaudra «la reconnaissance du peuple de gauche». Pour Montebourg, le chef de l’Etat «a choisi de clore par lui-même et de lui-même un quinquennat au bilan controversé», permettant «à la gauche de préparer son avenir, qui commence aujourd’hui même avec la primaire».
«J’ai trouvé que Hollande avait de la lucidité sur sa trajectoire politique, beaucoup moins sur son bilan. Ce sont dix minutes d’humiliation pour s’éviter six mois de galères», a indiqué de son côté Yannick Jadot, candidat à la présidentielle d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV).
Jean-Luc Mélenchon, candidat de «La France insoumise» a choisi Twitter pour réagir: «Maintenant, il y a le choix entre François Fillon qui dit “chacun pour soi et Dieu pour tous” et moi qui dis “Un pour tous, tous pour un”. La déclaration de François Hollande est un énorme aveu d’échec.»
«Perdant et perdu»
A droite, c’est cet « aveu d’échec» que l’on souligne. Dans un communiqué, Les Républicains de Mayotte parlent d’un François Hollande «perdant et perdu», reprenant une phrase de Gérard Filloche, membre du PS et candidat à la primaire de la gauche. Pour eux, cette décision montre, «s’il en fallait une preuve de plus, à quel point le Président de la République et son gouvernement ont abîmé notre pays et ce dans tous les domaines.»
Pour Mansour Kamardine, «les Français retiendront: un quinquennat marqué par le renoncement, un quinquennat marqué par la cacophonie permanente, un quinquennat marqué par la perte de l’autorité de l’Etat, un quinquennat marqué par l’abaissement de la fonction présidentielle en somme, un quinquennat marqué par l’échec. L’échec sur le plan de la sécurité, l’échec sur le plan de l’économique.
Et hier, devant les Français, dans son intervention télévisée, par ce énième acte de renoncement, à se présenter devant le peuple pour défendre son bilan, François Hollande a enfin pris conscience du désastre qu’il a causé à la France et singulièrement à notre île.»
«Pagaille»
François Fillon, le candidat du parti Les Républicains (LR) à la présidentielle, a déclaré que «le président de la République admet, avec lucidité, que son échec patent lui interdit d’aller plus loin».
«Ce quinquennat s’achève dans la pagaille politique et la déliquescence du pouvoir. Plus que jamais, l’alternance et le redressement de la France doivent être bâtis sur des bases solides: celle de la vérité sans laquelle il n’y a pas de confiance des Français et celle de l’action courageuse seule en mesure d’obtenir des résultats», a-t-il ajouté.
Enfin à l’extrême droite, Florian Philippot, le vice-président du Front National, a livré son analyse sur Twitter: «Deux présidents de la République hors course en deux semaines. A quoi cela servirait-il de faire courir leurs doublures, leurs seconds ?»
RR
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