«Je suis conscient des risques que ferait courir une démarche, la mienne, qui ne rassemblerait pas largement autour d’elle. Aussi, j’ai décidé de ne pas être candidat à l’élection présidentielle», a annoncé François Hollande, lors d’une allocution prononcée en direct jeudi soir depuis le Palais de l’Elysée.
C’est d’abord un long bilan de son quinquennat auquel s’est livré le président: «L’engagement majeur que j’ai pris devant vous était de faire baisser le chômage (…) Les résultats arrivent plus tard que je ne les avais annoncés, j’en conviens, mais ils sont là».
«Depuis mai 2012 (…) j’ai agi avec les gouvernements de Jean-Marc Ayrault et de Manuel Valls pour redresser la France et la rendre plus juste. Aujourd’hui, au moment où je m’exprime, les comptes publics sont assainis, la Sécurité sociale est à l’équilibre et la dette du pays a été préservée», a fait valoir le chef de l’État.
François Hollande a également évoqué un «modèle social conforté» en prenant l’exemple de la retraite abaissée à 60 ans pour les longues carrières et l’instauration d’une mutuelle obligatoire pour les salariés.
Des sondages humiliants
Le président a naturellement évoqué la signature de l’accord mondial sur le climat lors de la COP21 à Paris en décembre 2015 mais aussi «la transparence» désormais «imposée à tous les élus».
Au terme de ce long satisfecit, François Hollande a concédé «un seul regret», celui d’avoir «proposé la déchéance de nationalité. Je pensais qu’elle pouvait nous unir alors qu’elle nous a divisés».
Élu en 2012 face à Nicolas Sarkozy, François Hollande devient le 1er président de la Ve République à renoncer à briguer à sa succession. Mais le chef de l’Etat a dû admettre la dure succession de sondages très mauvais. Testé pour un éventuel 1er tour de la présidentielle, François Hollande était donné à la 5e place, derrière François Fillon, Marine Le Pen, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon, avec un score promis de 7% à 9%.
Lutte contre la vie chère et égalité réelle
C’est après une défaite, celle des élections municipales de 2014, qu’il fut contraint de changer son Premier ministre. Jean-Marc Ayrault laisse la place à Manuel Valls en mars de cette année-là. Il a également dû faire face à une fotre contestation au sein même de la gauche,
M. Hollande a également rencontré une forte opposition dans son propre camp, notamment contre la loi travail, la fameuse loi El-Khomri adoptée à l’Assemblée grâce à l’article 49-3.
Le mandat de François Hollande a été aussi marqué par plusieurs opérations militaires extérieures au Mali, en Centrafrique mais aussi en Irak et en Syrie. Ces 5 ans ont enfin été endeuillés par les pires attentats commis en France depuis la seconde guerre mondiale avec 238 morts, dans les locaux de Charlie Hebdo, le 13-Novembre à Paris et Saint-Denis, à Nice le 14 juillet dernier.
Du côté des Outre-mer, François Hollande qui s’est rendu dans l’ensemble des collectivités ultramarines, comme à Mayotte en août 2015 (après un report du 1er déplacement prévu pour cause de crash d’un avion d’Air Algérie), restera comme le président qui aura lancé la «loi sur l’égalité réelle» et tenté de lutter contre la vie chère, en particulier avec la Loi Lurel.
«Un moment de dignité»
Dès hier soir, Christiane Taubira, l’ancienne Garde des Sceaux et ministre de la Justice de François Hollande, a salué «un moment de dignité comme la politique en était devenu avare»… «L’exigence pour les gauches est colossale», annonce-t-elle.
Après cette annonce, Manuel Valls devrait rapidement se déclarer candidat, via la primaire organisée par le PS les 22 et 29 janvier prochain. Peut-être Mayotte y participera-t-elle, contrairement à la primaire de 2011, la fédération PS de Mayotte assumant alors le choix de faire du département le seul territoire français à ne pas participer à la désignation du candidat de la gauche.
Les anciens ministres de François Hollande, Arnaud Montebourg et Benoît Hamon, la sénatrice PS Marie-Noëlle Lienemann, le député écologiste François de Rugy et le président du Front démocrate Jean-Luc Bennahmias sont d’ores et déjà candidats. La clôture des candidatures est prévue le 15 décembre.
Jean-Luc Mélenchon (Parti de Gauche), qui a reçu le soutien du Parti communiste, et Yannick Jadot, désigné candidat à l’issue de la primaire d’Europe Écologie-Les Verts (EELV), sont également candidats à gauche, sans oublier l’ancien ministre Emmanuel Macron (En Marche!).
La droite, elle, a déjà son champion, en la personne de François Fillon, désigné le weekend dernier à l’issue d’une primaire qui a rassemblée 4,4 millions de votants. La présidente du Front national Marine Le Pen, qui a peut-être appris la décision de François Hollande dans son avion de retour de Mayotte vers la métropole, sera la candidate du Front national.
RR
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