Nos habitudes ont volant ont été décortiquées par la Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement de l’Etat : 19 caméras ont été dispersées sur la zone de concentration des bouchons, sur le Grand Mamoudzou, c’est à dire entre le rond point de Jumbo à Majicavo au nord et le rond point de Tsararano (Dembéni) au sud.
Armand Gosda, Directeur du bureau d’études Ingénierie Sécurité Routière, en livrait les conclusions ce vendredi matin, à la DEAL, devant Mohamed Moindjee, Chargé de l’Aménagement, des Transports et du Logement à la mairie de Mamoudzou.
Une étude menée avec un objectif : montrer que les perturbations de trafic, induits par les arrêts intempestifs des voitures, perturbent durablement la fluidité du trafic. Et selon l’étude, l’impact est de 30%.
Du flot de véhicules matinal à celui qui se génère en fin de journée, et sur les 3 zones, nord, Centre Mamoudzou et sud, un premier constat est fait : 50% du trafic se fait dans la zone nord, « si les automobilistes qui partent du sud le matin, y reviennent le soir, ils passent d’abord par la zone commerciale nord. » Ce qui devrait changer lorsque le centre Sodifram de Cavani aura ouvert ses portes.
Pour aller draguer les filles…
Selon eux, il y a peu de grand transit, qui partirait du nord de Majicavo Lamir ou du sud de Tsararano, qui pourrait justifier une route de contournement. Pourtant, les embouteillages matinaux s’étalent souvent jusqu’à Majicavo Koropa le matin.
De toute manière, rajouter des routes, c’est pas l’objectif du moment, ni d’avenir selon les spécialistes du trafic qui avancent que toute création d’une route, génère 25% de trafic supplémentaire. Le lien entre la création d’un contournement et l’achat d’une voiture est difficile à admettre. Le taux d’équipement croissant des ménages est plutôt en cause.
De 26% à Mayotte, contre 70% à La Réunion, le potentiel est énorme, « il croît de 11% par an pour les voiture ici ». Et là, les bouchons vont servir le débat : « Il vont freiner les acheteurs potentiels, qui préfèreront s’orienter vers d’autres modes de transport », assure le responsable de la DEAL. Rien n’est moins sûr pour Mohamed Moindjee qui craint que l’amélioration des conditions de vie des jeunes en recherche d’emploi ne débouche en premier lieu sur l’achat d’une voiture, « et de préférence de grosse cylindrée, est un marqueur social. »
L’incontournable rond-point El Farouk
Pour trouver une alternative au tout véhicule, on sait que la mairie de Mamoudzou propose un plan de transports urbains, « avec des bus qui auront leurs propres voies. » D’autres solutions sont indispensable, comme le contournement maritime, par barges ou des bateaux plus rapides, selon les projets en cours.
Autre données qui influence les automobilistes : le stationnement. « En métropole, on utilise sa voiture à 95% quand on sait qu’il y aura un stationnement possible à destination, et à 46% dans le cas contraire. » Mohamed Moindjee boit du petit lait, une économie conséquente sur l’aménagement de parking pour la mairie… Mais par contre, l’ensemble du trafic passe par un point, saturé, et les grévistes l’ont bien compris, le rond point El Farouk devant SFR Kawéni. Une étude est envisagée pour améliorer l’aménagement de cette intersection.
Un bouchon instantané
L’étude permet de traduire en flux animé les zones de ralentissement et leur origine : une traversée de piétons, un bus ou un taxi qui s’arrêtent sur la chaussée, « beaucoup de rendez-vous se donnent aux ronds-points aussi, il faut changer les habitudes, ou créer des aménagements. » Car une voiture qui va s’arrêter une minute 30 sur la voie, va générer un embouteillage immédiat, et chacune des voitures mettant 2 secondes pour redémarrer, la dernière d’une file de 100 sera restée 5 minutes immobile…
Une spécialité de nos taxis. Ils pourraient d’ailleurs être menacés par le projet de transport en commun, qui permettra de désengorger considérablement les routes, « un bus, c’est la capacité de 20 taxis »…
A chaque problématique, sa réponse : les bouchons sont générés à 50% par le volume des véhicules, « que nous allons réduire avec le transport urbain », à 30% par les comportements, finis les arrêts intempestifs, les 20% restant étant imputables aux infrastructures et aménagements. Comme il semble hors de question de créer de nouvelles routes, il faut sérieusement envisager la desserte maritime.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte