Les élus de sa majorité n’ont pas supporté la méthode, « on ne peut pas en même temps nous tirer dessus en médiatisant chaque intervention, et ensuite nous demander d’approuver règlementairement des motions », nous indiquait l’un des élus de la majorité, « la méthode est un peu cavalière ». Quant à ceux de l’opposition, s’ils ne l’ont pas suivie, c’est qu’ils la suspectent d’être manipulée, « a-t-elle même écrit ses motions ? », s’interroge l’un d’eux.
En tout cas, que ce soit sur la gestion du CD ou sur le port, l’élue de Mamoudzou n’aura pas défendu ses deux textes, tout juste les aura-t-elle lues, et encore, si elle est allée jusqu’au bout, c’est sur l’insistance du président Soibahadine, qui lui faisait boire le calice de la trahison jusqu’à la lie.
Voyages en classe « affaire » des élus, gratuité de la barge, utilisation abusive des voitures de fonction, elle n’aura même pas rassemblé les élus d’opposition, sur ces sujets propres à la gestion du CD, qualifiés de « démago », par Ahamed Attoumani Douchina, l’ancien président du département, qui ironisait même en compagnie de l’actuel, Soibahadine Ibrahim Ramadani, à son propos. Ben Issa Ousseni, élu chargé des finances était envoyé au front, « on est allé au delà de ce que l’on pouvait faire », a-t-il assuré, évoquant un excédent retrouvé, « de 3,5 millions d’euros. »
Frais de bouche divisés par deux
Force est de constater, et elle en convenait, que des efforts ont été faits, comme nous le rappelaient les élus de la majorité « contrairement à nos prédécesseurs, nous n’avons plus de voitures de fonctions personnellement attribuée, c’est un chauffeur qui nous transporte, et les frais de bouche ont été divisés de moitié, voire plus ».
La motion a été rejetée par l’ensemble des conseillers départementaux, moins une voix, celle de Soihirat El Hadad, la binôme de l’ancien président Zaïdani à Pamandzi, qui s’est abstenue.
Elle n’aura pas la même délicatesse sur la motion relative au port, où Armamie Abdoul Wassion demandait que soit rétablie l’autorité du conseil départemental en sanctionnant toute dérive du délégataire MCG, et pour cause, Soihirat El Hadad, comme Hissoufi Hadj Mhoko, y sont eux-mêmes employés. Ils ont malgré tout participé au vote. La motion a également été rejetée.
Une motion qui n’aurait rien changé, selon Fatima Souffou, la 1ère vice-présidente, qui faisait le point devant l’assemblée : « Nous avons actuellement plusieurs actions en justice, dont la requête en interprétation qui doit nous amener sur un terrain de conciliation avec notre délégataire. Quant aux tarifs que le préfet nous a demandé de suspendre, la réponse judiciaire tombe ce 8 décembre. Il sera l’objet du prochain conseil portuaire. » Elle rappelait que le port n’était actuellement pas bloqué.
On avait l’impression d’une élue passant une session de rattrapage ce lundi, en essayant vaille que vaille de rester au sein d’une majorité où elle est menacée d’éviction. Aucune décision la concernant n’a pour l’heure été prise.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte