Les restes d'une trentaine de tortues braconnées retrouvés sur l’îlot Mtsamboro

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Une carapace de tortue sur une plage de l'îlot Mtsamboro
Ilot-Mtsamboro: Les restes d'une trentaine de tortues braconnees rejetees au large (Photo: REMMAT)
Ilot-Mtsamboro: Les restes d’une trentaine de tortues braconnées rejetées au large (Photos: REMMAT)

L’année est presque terminée et c’est déjà l’heure du bilan sur le front du braconnage des tortues marines à Mayotte. Le réseau échouage mahorais de mammifères marins et de tortues marines (REMMAT) a déjà recensé 230 tortues mortes ou en détresse depuis le début de 2016 dont 80% pour cause de braconnage.

Ce dernier bilan a été établi après une nouvelle opération menée le 23 novembre dernier sur l’îlot Mtsamboro. Une vingtaine de membres du REMMAT, issus de 6 organismes (Lagon Aventure, la Brigade Nature de Mayotte, le Parc naturel marin de Mayotte, le Conseil Départemental de Mayotte, le Gépomay et l’association Oulanga Na Nyamba), ont inspecté l’ensemble des plages de l’îlot. «L’an dernier, on avait récolté 90 carapaces à la même période sur l’îlot. C’était un gros pourcentage des tortues braconnées à Mayotte. C’est la raison pour laquelle on a choisi d’y retourner», explique Marine Dedeken, animatrice du REMMAT.

La vingtaine de membres du REMMAT mobilisés pour l'opération sur l'îlot Mtsamboro
La vingtaine de membres du REMMAT mobilisés pour l’opération sur l’îlot Mtsamboro

Les restes retrouvés ont été comptabilisés et rejetés en mer. Au total, 26 carapaces de tortues vertes ont été découvertes ainsi que des ossements de 4 autres tortues. Le nombre est donc bien moins important que l’an dernier, mais cela ne signifie pas pour autant que la bataille contre le braconnage est en passe d’être gagnée. Car les braconniers semblent changer leurs pratiques.

Un braconnage en mer en partie invisible

«Ils se montrent de plus en plus discrets. On a par exemple retrouvé plusieurs ossements enterrés voire brûlés. Et parmi ces 30 tortues, la moitié correspond à des jeunes individus braconnés en mer. Ce n’est pas forcément quelque chose de nouveau mais c’est une pratique qui est plus difficile à repérer. Les braconniers ne viennent pas forcément les dépecer sur les plages et ne laissent donc pas toujours de traces. Ce braconnage en mer reste en partie invisible pour nous.»

Ce braconnage en mer se rajoute en effet à celui dont on parle plus régulièrement qui touche des tortues vertes adultes femelles, massacrées au moment où elles viennent pondre sur les plages. «Ce ne sont pas les mêmes populations qui sont visées par ces deux types de braconnages», précise Marine Dedeken.

Un état zéro

Des restes de tortues brûlés, signe que les braconniers font évoluer leurs pratiques (Photos: REMMAT)
Des restes de tortues brûlés, signe que les braconniers font évoluer leurs pratiques (Photos: REMMAT)

Sur l’îlot, l’opération poursuivait un objectif plus large que le simple comptage des animaux braconnés. Il s’agissait aussi de réaliser un «état zéro», une sorte de nettoyage complet pour faciliter le recensement des nouveaux cas de mortalité. «A partir du 23 novembre, on sait qu’il n’y a plus de carapaces sur l’îlot. Tout a été récolté et relargué au large. Tout ce qu’on pourrait être trouvé à partir de maintenant sera nouveau», précise Marine Dedeken.

L’îlot n’avait pas encore fait l’objet d’une telle opération cette année. Son isolement complique en effet la tâche de ceux qui luttent pour la préservation de notre patrimoine naturel. Il est plus simple pour eux d’intervenir sur les autres secteurs les plus touchés par le braconnage, comme les plages de Petite Terre, le nord-ouest de Grande Terre ainsi que les plages de la pointe Sud-est de l’île.

Pas encore assez de recul

Au fil du temps, les informations récoltées vont permettre de voir l’évolution, et peut-être, la disparition du braconnage. «Le REMMAT n’a été créé qu’en 2011, il faudra encore du temps pour disposer de suffisamment de recul pour évoquer une évolution. En 2015, nous avions 431 recensements. Actuellement, on en est donc à un nombre bien moins important, mais on ne peut pas dire si la différence est liée à un effort d’observation moins important, à l’évolution des techniques des braconniers ou à une réelle efficacité des moyens de lutte», souligne Marine Dedeken.

Une carapace de tortue sur une plage de l'îlot Mtsamboro, le 23 novembre dernier
Une carapace de tortue sur une plage de l’îlot Mtsamboro, le 23 novembre dernier (Photo: REMMAT)

Les données collectées sont tout de même de précieuses informations qui sont ensuite transmises aux acteurs en charge de la protection des tortues marines pour mieux cibler les missions de sensibilisation et de surveillance. Et vous aussi, vous pouvez prendre part à cette collecte d’informations. Si vous découvrez un animal mort ou blessé, alertez le réseau échouage au 0639.69.41.41.

Les tortues marines et les mammifères marins sont protégés par la loi. Les braconniers et les consommateurs de tortues marines risquent jusqu’à 2 ans d’emprisonnement et 150.000 euros d’amende. Sachez enfin que la chair des tortues peut par ailleurs être toxique et occasionner de graves conséquences sur la santé, voire la mort du consommateur.

RR
www.lejournaldemayotte.com

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