Mayotte a eu la primeur d’un nouvel instrument qui centralise toutes les données économiques de chaque territoire d’Outre-mer. Ce tableau de bord CEROM (Comptes économiques rapides pour l’Outre-mer), propose désormais chaque trimestre les statistiques permettant d’avoir un aperçu complet des indicateurs économiques.
Ces publications associent l’Institut d’émission des départements d’Outre-mer (IEDOM), l’Insee et l’Agence française de développement (AFD).
Pour le lancement de ce tableau, plusieurs données méritent d’être relevées pour le 3e trimestre 2016. Tout d’abord, la baisse de 27,7% des importations de ciment, signe de la crise persistante dans le secteur du bâtiment. Sur les 3 premiers trimestres 2016, la baisse est de 4.5% comparée à la même période de l’an dernier.
En revanche, les importations de biens d’équipement (+18,4%) et de biens intermédiaires (+13,6%) continuent de progresser. D’ailleurs, prises dans leur globalité, les importations poursuivent leur inexorable progression. Au 3e trimestre, elles atteignent plus de 129,5 millions d’euros, une hausse de 13,8% comparé au 3e trimestre 2015.
Les ménages au cœur de l’économie
Car les ménages continuent de porter l’économie mahoraise. La meilleure preuve est la nouvelle augmentation des immatriculations de véhicules neufs de 9.9% ou encore le record de crédits à la consommation des ménages pour un 3e trimestre avec 171,8 millions d’euros d’encours, soit +15,8%.
Enfin, concernant le climat des affaires, il est en hausse de 7,7 points. Les chefs d’entreprise sont donc davantage confiants sur la conjoncture économique… mais attention, tout ne va pas pour autant très bien. Ainsi, dans le secteur du commerce, le solde d’opinions sur l’activité atteint un niveau extrêmement bas à -60,1%. Il n’avait jamais touché un tel plancher depuis que la mesure existe à Mayotte.
(Voir le tableau-de-bord-cerom-mayotte-t3-2016).
Professionnaliser l’analyse et les données économiques
Avec ce projet CEROM, l’idée est de renforcer «la qualité du système d’information économique en rapprochant statisticiens et économistes». La volonté est aussi de promouvoir l’analyse économique pour suivre les évolutions économiques ultramarines.
Concernant Mayotte, l’IEDOM se montre tout de même prudent. L’Institut prévient que l’évolution institutionnelle et socio-économique rapide du département doit conduire à une certaine vigilance dans la lecture de ce tableau de bord de conjoncture. Par exemple, comme nous le notions avec la publication de l’enquête emploi pour 2016 par l’Insee, certaines données relèvent encore de la normalisation administrative que connaît notre département.
Après la mise en place de ces publications trimestrielles, l’étape suivante du projet CEROM sera l’élaboration de comptes économiques rapides. Mais là encore, l’exercice s’avère délicat. Leur fiabilité dépendra de la qualité et de la disponibilité des données récoltées. Mais cette normalisation de l’information permettra peut-être aussi de professionnaliser l’ensemble de la chaîne de données.
RR
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