Délinquance des jeunes : on continue à « bricoler »

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Les équipes mobiles de sécurité devant les établissements scolaires
Les équipes mobiles de sécurité devant les établissements scolaires

Dans un premier temps, il faut contenir cette délinquance (+33,6% d’atteintes à l’intégrité physique en 2016/2015 à Dzaoudzi Labattoir, et +23,6% à Pamandzi). Donc avec davantage de forces de l’ordre. Bien qu’ayant une population dépassant les 20.000 habitants, l’intercommunalité reste placée en zone gendarmerie et non police. Une mission conjointe de membre des Directions nationales de la police et de la gendarmerie est venue il y a quelques mois à Mayotte pour identifier les besoins. Des réponses devraient tomber en 2017.

Dans un second temps, et après avoir pris des arrêtés interdisant la circulation des mineurs non accompagnés la nuit (arre%cc%82te-n295-circulation-des-mineurs), ce sont des mesures de prise en charge de la jeunesse qu’il faut prendre. Or, on persiste à traiter la problématique de la jeunesse désœuvrée en faisant du bricolage.

Des contrats éphémères pour gérer des potentiels délinquants

Evolution de la délinquance à Dzaoudzi Labattoir (Chiffres gendarmerie)
Evolution de la délinquance à Dzaoudzi Labattoir (Chiffres gendarmerie)

« Il faut faire appel à des profils compétents pour mettre en place des animations, une éducation populaire, qui sont de la compétence des travailleurs sociaux, des travailleurs des rues, pour entrer en contact avec ces jeunes dont certains sont sous l’emprise de stupéfiant », explique Adrien Michon, chef de projets de la communauté des communes de Petite Terre.

Au lieu de cela, comme le soulignent les conclusions du CISPD qui s’est tenu jeudi dernier avec préfet, procureur et élus des deux communes, on a systématiquement recours aux Contrats aidés. Des jeunes qui sont formés le temps de leurs missions, de 6 mois à un an, et qu’il faut remplacer ensuite par d’autres, à reformer, etc. outre qu’ils ne sont pas professionnels, ils sont en fin de mission au moment où les contacts sont noués avec leur public à insérer…

En conclusion, « impossible de pérenniser les actions » souligne le CISPD. Un constat qui avait été fait il y a 2 ans pour Mamoudzou par Sylvie Especier, alors sous-préfète à la cohésion sociale, mais qui n’a toujours pas été pris en compte.

Permettre l’application du droit commun

Bandes de jeunes
Etre concerné lors du passage des bandes de jeunes

D’autre part, les associations comme Tama, l’Agepac, Caritas ou les Céméa n’ont pas pour vocation à se substituer aux politiques publiques. C’est un autre point soulevé par le CISPD, « quid du financement des actions de prévention par le droit commun ? », s’interrogent les acteurs. Le Fonds Interministériel de Prévention de la Délinquance (FIPD) peut financer des centres éducatifs, et des crédits peuvent être mobilisés pour ces associations. Encore faut-il que la législation le prévoie.

Les communes aussi ont de leur côté leurs actions à mener, même si leurs marges de manœuvre budgétaires sont contraintes, tout comme le conseil départemental ou la DJSCS, la Direction de la Jeunesse et des sports.

Enfin, la population, la première concernée, doit se mobiliser. Elle sait le faire quand une école n’est pas aux normes, elle doit se sentir concernée : « Nous demandons aux habitants d’alerter quand ils voient traverser ces bandes de jeunes, notamment en appelant les forces de l’ordre. Il faut anticiper, même si son gamin n’est pas au milieu, on peut très bien recevoir un caillou plus tard au volant de sa propre voiture. »

Une coopération de tous pourra endiguer le phénomène, chacun a son lot de responsabilité.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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