Une délégation de Mayotte à l’Instance de dialogue avec les musulmans

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La délégation Mahoraise en discussion avec Jean-Pierre Chevènement
De gauche à droite : Katia Mebtouche, Bureau central des Cultes, Bacar Aumonier, Monsieur Schaumasse, directeur du BCC, Leila Al, le Cadi Ridjali et Aurélien Siri (Photo D.R.)
De gauche à droite : Katia Mebtouche, Bureau central des Cultes, Bacar Aumonier, Monsieur Schaumasse, directeur du BCC, Leila Al Ardah-Miri, le Cadi Ridjali et Aurélien Siri (Photo D.R.)

« Il n’y a jamais de fondamentalisme pacifique, il n’y a pas de salafisme* anodin ni d’intégrisme modéré. Dès qu’on professe le rejet de la République, on prépare les esprits à ce qui vient ensuite : l’apologie de la violence et peut-être de la haine ». En introduisant ainsi son discours lors de la 3ème instance de dialogue avec le culte musulman, le désormais 1er ministre Bernard Cazeneuve s’en prenait aux discours sectaires.

Il aura été question cette année de continuer à mettre en place la prévention à la radicalisation, en évoquant notamment l’origine des fonds permettant de financer les constructions de mosquées.

Pour la 1ère fois, Mayotte était représentée. La délégation était composée du Cadi Ridjali de Mtsapéré, de l’Aumônier du CHM, de Leila Al Ardah-Miri, Enseignante certifiée d’arabe du Diplôme universitaire « Valeur de la République et religions », et de Aurélien Siri, Directeur du Centre Universitaire de Formation et de Recherche (CUFR) de Mayotte. Qui se réjouit que la parole de Mayotte ait pu être portée à Paris ce lundi 12 décembre.

Un Institut de théologie évoqué pour Mayotte

Bernard Cazeneuve s'était entretenu avec un Grand Imam à Mayotte en 2014
Bernard Cazeneuve s’était entretenu avec un Grand Imam à Mayotte en 2014

En tant qu’enseignant, il a participé à l’atelier « Formation des imams de France » : « Derrière, il faut comprendre que face à la grande diversité de prêches, le gouvernement cherche à dessiner le profil d’imams compatible avec les valeurs de la République. »

L’ouverture du Diplôme Universitaire (DU) « Valeurs de la République et religions », qui s’intitulait « et Islam » à Mayotte l’année dernière, à toutes les confessions et aux non religieux, et le partenariat avec les institut privés, sont les grandes nouveautés de l’année, « ce serait peut-être l’occasion de créer à Mayotte un institut de théologie », s’interroge l’universitaire.

Des thèmes qui ont enthousiasmé le cadi Ridjali : « Je me réjouis des paroles que j’ai entendu de la bouche du premier ministre, mais aussi du nouveau ministre de l’intérieur ou de Jean-Pierre Chevènement, que j’ai trouvé ambitieuses pour notre religion. C’était surtout l’occasion pour moi de prendre la parole au nom des musulmans de Mayotte. Jusqu’à présent, nous étions représentés par La Réunion, faute par le conseil départemental de nous payer des billets d’avion. » Il compte rédiger un bilan de la journée pour ses pairs à Mayotte.

Des taxes pour financer les lieux de culte

La délégation Mahoraise en discussion avec Jean-Pierre Chevènement
La délégation Mahoraise en discussion avec Jean-Pierre Chevènement (Photo D.R.)

L’ancien ministre de l’Intérieur du gouvernement Jospin, Jean-Pierre Chevènement a pris la présidence de la Fédération pour l’Islam de France, destinée à financer les projets culturels et éducatifs, et à favoriser une meilleure connaissance de l’islam. Une institution qui semble déjà sous-dotée avec 1,4 million d’euros de budget prévisionnel. En vertu de la loi de 1905, elle ne pourra pas financer de projets cultuels, notamment la formation des imams et aumôniers ou la construction des mosquées.

Ce point est l’un des trois grands chantiers décidés : « Une association cultuelle loi 1901 devrait voir le jour début 2017 pour gérer les fonds des lieux de culte et éviter ainsi l’arrivée de fonds étrangers », rapporte Aurélien Siri. L’Arabie Saoudite est particulièrement visée. Les fonds contributeurs ne sont pas encore définis, et pourraient venir des taxes sur la nourriture halal ou sur les pèlerinages, à La Mecque, ainsi que l’ont évoqué les échanges.

Les jeunes qui se radicalisent ont peu de chance d’être directement influencés par ce dispositif, mais c’est un billard à plusieurs bandes, et lorsque l’ensemble sera plus structuré, les discours radicaux seront plus facilement repérables. « Beaucoup se radicalisent sur internet, il faut donc allumer un contrefeu, envisagé par le gouvernement sous la forme d’un Campus numérique, qui permettra d’étudier le DU en ligne.

L’objectif du gouvernement est donc d’inciter les instances musulmanes à se doter d’une structure aux financements transparents, destinée à gérer la construction des lieux de cultes et la formation de ses dignitaires religieux.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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