Vendée Globe: Un «passager clandestin» de Noël à bord du Marion-Dufresne

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Vendée Globe: Kito de Pavant sur son bateau lors de la course... avant son naufrage
Vendée Globe: Kito de Pavant sur son bateau lors de la course... avant son naufrage
Vendée Globe: Kito de Pavant sur son bateau lors de la course… avant son naufrage

Si tout s’était passé comme prévu, Christophe «Kito» de Pavant aurait dû passer Noël dans le Pacifique en approche du Cap-Horn… beaucoup plus à l’Est que la zone où il se trouve actuellement. Sur la route du Vendée Globe, la course autour du monde en solitaire et sans escale, Armel le Cléach, en tête a déjà passé la mythique porte maritime et son poursuivant Axel Thomson s’y engage. Kito de Pavant, lui, prend actuellement la direction de l’île Tromelin, dans l’océan Indien, juste à l’Est de Madagascar.

Depuis le 7 décembre dernier, le quinquagénaire est à bord du Marion-Dufresne, après avoir été contraint de quitter le «Bastide-Odio». C’est la première fois que le navigateur doit abandonner un de ses bateaux. «Je n’ai plus de nouvelles, explique le skipper. J’avais posé une balise avant de partir pour le suivre. Elle a émis pendant une semaine, puis plus rien. On avait envisagé une opération de sauvetage depuis les Kerguelen. Mais je crois qu’on ne le retrouvera jamais».

Sur le Marion-Dufresne, Kito de Pavant est logé dans la spacieuse cabine destinée au préfet des Taaf (Terres australes et arctiques françaises), contraint à ce confort qu’il ne souhaitait pas. «C’est un long voyage qui n’était pas prévu et que je n’apprécie pas à sa juste valeur», reconnait-il. «Je suis un passager clandestin sur un bateau mythique, remarque Kito de Pavant. C’est extraordinaire de visiter ces îles… Mais c’est long ! Je ne pensais pas me retrouver sur un bateau avec un équipage d’une centaine de personnes qui est aux petits soins pour moi.»

L’océan et ses ofnis

C’est la 3e fois qu’il abandonne sur le Vendée Globe, après un démâtage en 2008 et une collision avec un chalutier en 2012. Cette fois-ci, c’est un choc probablement avec une baleine qui a mis fin à l’aventure ou un autre ofni, un objet flottant non-identifié. Par chance, le Marion-Dufresne, parti quelques jours auparavant de La Réunion pour sa dernière rotation de l’année, n’était qu’à une centaine de milles (220 kilomètres). Dix heures plus tard, le bâtiment des Taaf* de 120m est aux côtés de l’embarcation de 18m en train de sombrer.

Kito de Pavant récupéré par le zodiac du Marion-Dufresne
Kito de Pavant récupéré par le zodiac du Marion-Dufresne

«Dans l’océan, on voit beaucoup de belles choses, mais aussi beaucoup de déchets, même dans ces zones peu fréquentées», regrette l’expérimenté navigateur, vainqueur de la Solitaire du Figaro en 2002. «Ça laisse imaginer ce que l’on peut taper avec un bateau».

Un tour des îles éparses

Fini la course, place donc au temps beaucoup plus calme du Marion-Dufresne. «C’est une autre ambiance, en décalage avec la vie normale. Tout est lent, long. Ça donne le temps de prendre du recul». Son tour du monde sans escale est devenu un tour des TAAF avec arrêts. Après quelques jours à Crozet, il a découvert les Kerguelen puis Amsterdam et s’apprête à visiter Tromelin avant une escale à Maurice pour faire le plein et enfin un terminus prévu à La Réunion le 30 décembre. «C’est une expérience particulière de visiter toutes ces îles», dit le natif de Dordogne, qui s’est initié à la navigation sur… un étang.

Ce passage sur le bateau des Taaf lui a aussi permis de mesurer sa notoriété… y compris dans des endroits improbables. «À Amsterdam, j’ai dû signer une centaine d’enveloppes qui vont maintenant aller à travers le monde, sourit Kito de Pavant. Je n’avais pas connaissance de cette passion philatéliste qui perdurait. C’est plutôt drôle. Et j’ai pu découvrir que les Postes étaient dans ces endroits des vrais lieux de vie». Chose incongrue pour un marin, il a également pu faire tamponner son passeport, sauvez des eaux. Se retrouvant avec les effigies de territoires qu’il aperçoit d’habitude à la longue vue.

La solidarité de la mer

Le Marion-Dufresne devant l'Île Amsterdam (Images: TAAF)
Le Marion-Dufresne devant l’Île Amsterdam (Images: TAAF)

Mais de cette aventure, il retient surtout la solidarité des gens de mer. «Je suis heureux que ce bateau et son équipage soit venu me secourir. Je suis heureux de voir qu’il y a encore énormément de solidarité dans le monde maritime. J’ai fait la connaissance de belles gueules de marins».

Comme la centaine de personnes à bord du Marion-Dufresne, avec l’équipage, des scientifiques et des touristes, Kito de Pavant est attendu le 30 décembre à La Réunion. En attendant, le navigateur a dégusté des langoustes au large de Tromelin avec équipage et escale. C’est peut-être ça, aussi, la magie de Noël.

RR, le JDM
Avec le JIR.

*TAAF : Terres australes et antarctiques françaises

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