Mayotte s’est dotée d’une PPE. L’information peut paraître un peu obscure, c’est pourtant l’avenir énergétique de notre île dont il est question. Cette programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) est un document stratégique, co-élaboré par le Conseil départemental et le préfet, qui permettra la transition du département vers un nouveau modèle énergétique, bien plus durable qu’actuellement.
Ce PPE a été présenté au début du mois de décembre aux instances nationales (Comité National pour la Transition Ecologique, Comité d’Experts et Conseil Supérieur de l’Énergie) et il est actuellement à la disposition du public pour être consulté et éventuellement enrichi.
On peut ainsi y retrouver un grand nombre d’études et un rapport qui fait le point sur ce que nous importons, produisons et consommons en matière d’énergie.
Le territoire du soleil
Chez nous, l’énergie c’est d’abord l’électricité. En 2016, nous avons consommé environ 75MWh en moyenne au cours des 3 premiers trimestres, produits par EDM grâce à ces deux installations thermiques (à Longoni et aux Badamiers) ainsi qu’aux 73 installations de panneaux photovoltaïques.
Mais notre mix énergétique est encore très déséquilibré, avec 94,4% d’énergies fossiles et 5,60% d’Energies renouvelables (en 2014), même si le solaire progresse fortement… Le soleil ne comptait en effet que pour 0,1% de notre production d’électricité en 2008, l’année de l’apparition du photovoltaïque chez nous.
Mais on pourrait faire bien mieux. Le rapport note en effet que Mayotte bénéficie du nombre d’heures d’ensoleillement le plus élevé du territoire français avec 1.400 heures par an (contre 1 250 heures à La Réunion).
Très loin de l’indépendance énergétique
Actuellement, notre département est donc encore très fortement dépendant des hydrocarbures. Les produits pétroliers importés sont destinés à 72% à la production électrique contre 28% pour les transports. L’indépendance énergétique reste donc un enjeu stratégique que nous sommes loin d’atteindre.
Cette situation, qualifiée de «vulnérabilité» dans le rapport, a des conséquences majeures: les coûts de production d’électricité sont très supérieurs à ceux de la Métropole et nous sommes très soumis aux aléas des prix.
Il faudrait donc faire évoluer notre modèle car les prévisions de consommation sont très clairement à la hausse. Entre 2018 et 2023, nous allons consommer entre 87GWh et 238GWh de plus, soit une augmentation comprise entre +29% et +80%.
20% de renouvelable d’ici à 2 ans
Trois scénarios ont été établis et quel que soit celui qui se réalisera, il va falloir créer des capacités de production supplémentaires pour assurer l’équilibre du système électrique.
Il va donc falloir mettre le turbo sur les énergies renouvelables d’autant que la Loi sur la Transition Énergétique fixe comme objectifs l’autonomie énergétique dans les départements d’Outre-mer en 2030, avec, comme objectif intermédiaire, 50% d’énergies renouvelables en 2020.
Mayotte a élaboré ses propres objectifs. Chez nous, on parle de 20% d’énergies renouvelables dès 2018 pour atteindre effectivement les 50% en 2020.
20% de bâtiments avec des chauffe-eaux solaires en 2 ans
Résultat, le rapport préconise un grand nombre d’actions à mettre en œuvre d’ici à 2 ans dans le cadre du PPE, pour tenir l’objectif. Maîtrise et économies d’énergie, mise en place de transports en commun, remplacer 100% des éclairages publics existants en LED, augmenter l’efficacité énergétique des bâtiments publics et privés (professionnels et particuliers).
Le document préconise aussi de développer fortement les chauffe-eaux solaires (individuels et collectifs) pour atteindre un objectif ambitieux. Il est question d’un taux d’équipement des bâtiments de 20% en 2018.
Il va également falloir informer sur la RTAA DOM (Réglementations Thermique, Acoustique et Aération spécifiques aux DOM). Elle est en effet applicable depuis hier, le 1er janvier 2017.
Sécuriser les stocks
Concernant la sécurité de l’approvisionnement, le rapport préconise l’augmentation des capacités de stockages, la mise en place de stockages stratégiques et la création d’un plan hydrocarbure pour la gestion des situations de crise.
Enfin, pour les énergies, le document évoque plusieurs réalisations: une centrale bois-énergie sur la base d’une puissance de 12MW, une extension de la centrale de Longoni avec une puissance maximale de 44MW et d’autres projets comme la première installation d’une centrale fonctionnant à la biomasse à Mayotte.
De la biomasse à Koungou
Cette centrale devrait voir le jour sur la commune de Koungou pour une puissance de 12 MW. Il est prévu qu’elle fonctionne toute l’année en brûlant des granulés de bois et des plaquettes forestières importés des pays voisins, Madagascar, Mozambique ou Afrique du Sud. Sa mise en service est programmée pour la fin du 1er trimestre 2019, après obtention des autorisations et 27 mois de construction.
«La contribution à la transition énergétique de ce projet est estimée à 60.000 tonnes de CO2 évitées par an», indique le rapport, avec également des créations d’emplois pérennes pour 20 équivalents temps pleins dans la centrale, sans compter les retombées économiques de la phase chantier pour la phase de réalisation.
L’ensemble des documents du PPE est visible sur le site internet de la préfecture (par ici). Les observations et/ou contributions peuvent être transmises à la boite électronique dédiée: ppedemayotte@developpement-durable.gouv.fr.
RR
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