Il a un casier judiciaire chargé comme on en voit régulièrement à Mayotte, mais plus rarement à La Réunion. Madi T., un Mahorais âgé de 40 ans originaire de Chirongui, s’est présenté à la barre de la Cour d’appel de La Réunion, avec déjà 10 condamnations au compteur.
En fin de semaine dernière, il contestait une condamnation en première instance à 4 ans de prison, une sanction décidée en son absence, et pour cause. «J’étais en prison à Majicavo pour une autre affaire, et je n’ai pas été avisé», a-t-il expliqué. En effet, le tribunal réunionnais avait instruit l’affaire alors que Madi T. était en détention provisoire à Mayotte, dans un dossier bien plus lourd: Il est mis en cause dans l’agression de l’avocate aux Hauts-Vallons en septembre 2015.
Un accident sans permis
Cette fois-ci, la peine ou plutôt les peines, que cet ancien agent de sécurité de la ville de Saint-André contestait, portaient sur deux délits routiers. Le premier remonte à fin mars 2015. Au volant d’un véhicule, il est contrôlé par les gendarmes. Problème: Il n’a pas de permis de conduire.
Deux mois plus tard, la scène se reproduit mais les circonstances sont plus graves. Il est alors impliqué dans un accident de la circulation à Saint-Denis. Lors d’un ralentissement, il percute par l’arrière le véhicule d’une femme qui bénéficiera de 10 jours d’incapacité totale de travail (ITT). La conductrice l’identifie formellement. Lui, nie les faits, expliquant qu’il était passager du véhicule conduit et appartenant à un ami. La thèse est contredite par l’«ami» en question qui affirme aux enquêteurs qu’il n’était pas là et qu’il lui avait prêté le véhicule.
4 grammes d’alcool
Ces dossiers globalement simples auraient pu être traités rapidement si le prévenu n’avait pas demandé un avocat pour le défendre, une requête exécutée au pied levé par une jeune avocate du barreau de Saint-Denis. Venue récupérer un délibéré, Me Doriane Domitile, tout juste arrivée dans la juridiction, faisait ainsi presque par hasard, sa toute première plaidoirie. Pas facile, face à un avocat général réputé pour sa connaissance des dossiers et pour la qualité de ses réquisitions.
«Dans le dossier de l’accident, toutes les déclarations concordent et sont en contradiction avec ce qu’il nous dit. C’est lui qui provoque l’accident. De plus, il refuse de se soumettre aux vérifications d’alcoolémie. Mais lorsqu’il souffle à 4 heures 30 du matin, il est encore à 0,80 gramme d’alcool par litre de sang. Cela veut dire qu’au moment de l’accident, à 19 heures, il devait être à plus de 4 grammes », attaque l’avocat général.
Jusqu’à 2 ans et demi requis
Alors que le magistrat requiert des peines de 8 et 30 mois d’emprisonnement, l’avocate de la défense se lance. «Les peines prononcées en première instance sont excessives. Il a expliqué pourquoi il n’était pas là en première instance. Il n’a pas eu de volonté de se dérober à la Justice. Une prise en charge en addictologie et un stage de sensibilisation à la sécurité routière seraient une bonne sanction», avance-t-elle.
Madi T. sera fixé sur son sort la semaine prochaine. La cour doit rendre son arrêt le 12 janvier. Mais quelle que soit la décision, l’homme n’en a peut-être pas fini avec la justice. Les investigations dans l’affaire de l’agression des Hauts-Vallons se poursuivent encore.
RR, le JDM
avec le JIR.