Contrairement au film de Quentin Tarantino dans lequel Django brise ses chaînes d’esclave, le «Django» de Saint-Louis à La Réunion, a plutôt tendance à rajouter des années de détention au fur et à mesure que le temps passe et que les affaires s’accumulent. Le jeune homme de 24 ans, emprisonné depuis avril dernier, est désormais libérable en 2021, depuis sa nouvelle condamnation d’hier mardi.
Pour son énième procès, Carime Wafoundi l’a joué caïd, comme à l’accoutumée. Son principe consiste à ne pas répondre aux questions du juge, y compris quand celui-ci demande son adresse, tout nier malgré l’évidence puis rétorquer que «les gendarmes font mal leur travail» pour se poser en victime de son passé judiciaire qu’on charge sans preuve. Un grand classique.
Ce n’est pourtant pas très efficace. En août dernier, le «caïd» avait déjà joué au malin devant la cour d’appel et vu sa peine passer d’un an… à trois ans ferme. Même punition hier devant le tribunal de Saint-Pierre. Alors que le parquet réclamait un an ferme contre lui, la juge a doublé la mise. Quant à son complice du jour, Fardine Assani alias «Tintin», ce sera huit mois ferme au lieu de six. De quoi soulager les victimes. Présente hier, la partie civile, en panique, a rasé les murs pour ne pas croiser ses bourreaux.
Un gang spécialisé dans les deux-roues
Avec ses 38 condamnations au compteur, Carime Keldi Ben Wafoundi est «le délinquant le plus capé du sud», selon nos confrères du JIR. Costaud et charismatique, le Mahorais s’est constitué un «gang communautaire». Sa bande s’est spécialisée dans le vol avec violence de deux-roues, avec un mode opératoire qui leur vaut actuellement une mise en examen pour vol en bande organisée, une qualification criminelle.
Pour l’affaire jugée hier, les faits se déroulent en mars dernier dans un parc. Le gang est sous Artane, un médicament dont l’usage détournée peut favoriser le passage à l’acte violent. Il jette alors courageusement son dévolu sur un adolescent. L’entrée en matière est pour le moins osé. Carime Wafoundi, torse nu et visage masqué, déboule et affirme que le scooter du jeune homme est volé. Il exige de voir les papiers et les clefs tandis que 5 autres gars tournent autour de la proie. Terrorisé, l’intéressé s’exécute. Il ne reverra plus son deux-roues.
Des victimes terrorisées
«Il avait travaillé dur en apprentissage pour se l’offrir», explique sa mère. «Ils m’ont juste bousculé mais cette agression m’a marqué. Je ne suis plus tranquille quand je suis dans la rue», confie le jeune homme. Dans son malheur, ce dernier a tout de même le réflexe de retenir la plaque d’immatriculation de la voiture d’un des assaillants.
Interpellé par les gendarmes, il balance. Une perquisition est menée chez la copine de Wafoundi, le fameux chef du «gang» qui, hors de lui, organise d’emblée une expédition punitive. Flanqué de sa bande, il débarque chez son pote et ravage sa voiture. «Vitres cassées, pneus crevés, carrosserie défoncée, fils coupés dans le moteur… tout y est passé», constate la présidente. Et pour signer sa vengeance, le caïd laisse un gourdin clouté bien en évidence sur un siège. Le propriétaire de la voiture n’a même pas osé réclamer des dommages et intérêts et plusieurs témoins de la scène ont exigé l’anonymat.
Carime Wafoundi est un nerveux et s’est récemment illustré en déclenchant une violente bagarre en plein tribunal. Au vu des condamnations qui s’accumulent et des dossiers encore en cours, son «heure de gloire» semble cependant révolue. Cette fois-ci, il écope de deux ans d’emprisonnement, en attendant l’affaire suivante.
RR
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avec le JIR.