Une centaine de salariés, entre 1.300 et 1.500 pris en charge et une foule d’actions mises en œuvre… Le centre d’accueil de jour M’Sayidié d’Apprentis d’Auteuil est aujourd’hui un acteur incontournable des actions menées en direction de la jeunesse en déserrance.
C’est d’ailleurs à l’occasion de quelques-unes de ses opérations que l’on parle de la structure. Le 15 décembre par exemple, une centaine de jeunes répartis en groupes par leurs éducateurs et formateurs, ont découverts les terrains de foot en gazon synthétique et se sont appropriés les plateaux de basket et pas seulement pour marquer des paniers. Ils ont aussi joué au ballon prisonnier, à la corde à sauter ou aux cartes… et rencontré d’autres jeunes qu’ils ne connaissaient pas.
L’état d’esprit était le même, il y a un peu plus d’un mois, le 4 janvier. Le dispositif d’insertion socioprofessionnelle du centre M’Sayidié, appelé «Narisome», organisait un tournoi de football au stade du Baobab à Mtsapéré. Des jeunes, garçons et filles, y rencontraient des animateurs de Tama, de Caritas et d’autres jeunes du lycée d’enseignement adapté (LEA) de Kawéni au cours d’une série de matchs.
«Nous nous sommes vite rendu compte que nous devions donner le meilleur de nous-mêmes pour bien jouer et peut-être gagner, car nous n’étions pas vraiment de taille à vaincre des adultes ! On a eu une petite appréhension face à leur grande taille! Néanmoins, grâce à la présence de nombreux spectateurs qui nous encourageaient, nous étions fiers de porter les couleurs de notre centre !». Ces témoignages ont été relayés dans un document diffusé par l’association. Les jeunes y expliquent aussi qu’après le dernier match, ils se sont «tous donnés la main en signe d’amitié. Et sur un air de Snoop Dog, on a dansé avec les deux coupes. On est rentrés fièrement avec nos médailles autour du cou».
L’Europe : Le risque et la chance
Ces actions peuvent sembler anecdotiques, elles ne le sont pas. Elles s’inscrivent dans une quantité de démarches au cœur de la mission du centre: accompagner les jeunes de 11 à 16 ans en errance et aller à la rencontre de ceux qui ne sont plus scolarisés voire en situation d’isolement, dans le grand Mamoudzou et sur Petite Terre.
Créée fin 2012, le centre Msayidié ne cesse de grossir mais la structure est aussi sur le fil du rasoir, obligé de prendre des risques pour continuer ses missions toujours plus nombreuses.
«Ce jeudi, nous avons déposé un dossier pour obtenir des financements pour nos actions pour les deux ans à venir», explique Antoine Duhaut. Et l’enjeu est essentiel. Car Msayidié est financé à 85% par le fonds social européen (FSE), le reste provenant de l’Etat via la DJSCS. «Les dossiers sont traités en 6 à 7 semaines mais il faut savoir que nous demandons des financements pour des actions déjà en cours. Nous faisons l’avance de trésorerie et nous n’avons donc aucune visibilité sur l’arrivée des fonds européens… Ni sur leur attribution».
Des formations et des stages
Le FSE intervient aussi pour une part dans le dispositif «Narisone», à côté des aides de l’IEJ, l’initiative emploi des jeunes de l’Europe, mais aussi du département et de la DJSCS. Ce dispositif de remobilisation et de découverte des métiers concerne 225 jeunes par an. «A l’issue, ils trouvent soit un stage, soit une formation qualifiante. Et on est très contents car le dispositif marché très bien avec 50% des jeunes en formation pré-qualifiante et 80% qui ont obtenu un stage dans une entreprise.
Actuellement, compte tenu des enjeux, s’occuper des jeunes à Mayotte, c’est aussi jongler avec des budgets conséquents et donc avec des dossiers pour obtenir des fonds et en particulier de l’argent de l’Europe. Ce sont ainsi 1,6 million d’euros que le centre Msayidié a demandé cette semaine au FSE. L’union européenne est devenue un partenaire financier crucial pour ces actions sociales à Mayotte.
«Chaque année, un million d’euros de fonds européens viennent appuyer nos actions», précise Antoine Duhaut. Mais de nombreux partenaires jouent aussi des rôles essentiels. C’est par exemple le cas des entreprises et des institutions qui ont pris des jeunes en stage. Pour les remercier, Msayidié et plus largement l’ensemble d’Apprenti d’Auteuil, les conviera jeudi soir à une soirée spécialement destinée aux partenaires. A cette occasion, Apprenti d’Auteuil présentera son «Livre blanc pour la présidentielle», un document qui interpelle les candidats. Logiquement, il est destiné «à prendre le parti des enfants».
RR
www.lejournaldemayotte.com