Peu à peu, l’idée de prendre soin de la nature pour pouvoir continuer à l’exploiter fait son chemin, à Mayotte aussi. C’est au tour des habitants de Mtsahara de montrer l’exemple en lançant une initiative pour une pêche aux poulpes durable.
Ils ont organisé une belle fête à l’occasion de la fermeture temporaire de la pêche sur le platier du village. Hier samedi matin, l’association des pêcheurs à pied et le Parc naturel marin de Mayotte avaient invité tous ceux qui le souhaitaient à participer à la mise en place du balisage du platier, pour définir la zone qui sera provisoirement interdite à la pêche pendant un peu plus de trois mois.
Ils suivent ainsi l’exemple des habitants de Mbouanatsa qui ont mis en place un projet «poulpe» couronné de succès en fin d’année 2016. Comme dans le sud, l’objectif est de permettre aux poulpes de ne plus subir la pression de la pêche pendant un trimestre, pour qu’ils puissent se reproduire, devenir plus gros et plus nombreux.
Les pêcheurs de Mtsahara en action
L’idée n’est pas nouvelle mais il fallait la mettre en œuvre intelligemment. Depuis 2012, le Parc naturel marin suivait régulièrement la pêche à pied et les stocks de poulpes du lagon. Le constat, établi par les pêcheurs eux-mêmes est sans appel: la ressource de poulpe diminue, à la fois en nombre et en taille. Il fallait agir.
Dans l’objectif d’œuvrer pour une pêche durable, le Parc a proposé aux communes de Bouéni et de Mtsamboro de travailler en collaboration avec la communauté des pêcheurs à pied sur la mise en place de fermetures temporaires pour la pêche aux poulpes. Mais pas n’importe comment: en plaçant les pêcheurs au centre de la démarche, pour qu’ils soient décisionnaires de ces actions.
Ainsi, à Mtsahara, les pêcheurs à pied ont suivi attentivement l’expérience de Mbouanatsa. Et ils ont vu la taille des poulpes pêchés sur place après la réouverture de la zone protégée.
Ils se sont donc emparés du dispositif pour fermer, dès ce début d’année 2017, toute la baie de leur village. La réouverture du site aura lieu le 27 mai.
Un projet pour changer les habitudes
Cette fermeture n’est qu’une petite partie de l’initiative. Le Parc naturel marin de Mayotte accompagne le projet avec l’organisation de réunions de sensibilisation de l’ensemble des habitants de la commune, un suivi de la ressource de poulpes et de coquillages avant et après la fermeture, ou encore avec la surveillance du site avec des tournées régulières des agents du Parc pour sensibiliser la population.
Le Parc posera également des panneaux explicatifs sur la plage du site concerné… dès les restrictions de la consommation d’eau levées. Elles empêchent en effet actuellement de bétonner les piliers des panneaux.
Le Parc sait très bien que malgré cet appui significatif, la réussite du projet dépend avant tout de l’implication des habitants et des acteurs de la commune. Dans cette optique, le choix du site par l’association des pêcheurs à pied de Mtsahara est stratégique. Enclavé dans la baie du village, il permet une surveillance optimale par les habitants eux-mêmes.
Vers un déploiement sur toute l’île
Les expériences de Mboinatsa et maintenant de Mtsahara servent d’exemple à tout Mayotte. Ainsi, dans le sud, des réunions de sensibilisation ont été organisées dans toute la zone, à Majiméouni, Hagnoundrou, Moinatrindri et Bambo ouest. Les pêcheurs de ces villages ont adhéré au projet et ont prévu des réunions pour décider de la fermeture de nouvelles zones en 2017.
Et dans le nord aussi l’expérience pourrait faire des petits. Le Parc naturel marin prépare d’ailleurs un kit de conseils et d’outils pour les villages volontaires pour les aider à mettre en place de manière autonome une pêche durable du poulpe chez eux.
Dans cette optique, une réunion d’information est organisée par l’association des pêcheurs à pied de Mtsahara et le Parc naturel marin, ce vendredi 17 février à 19h30 sur la place publique de Mtsahara, en face de la coopérative de pêche. Toute la population de la commune de Mtsamboro est invitée à y participer.
RR
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