Soulaimana Boura sature : sollicité par les médias pour une rencontre de rugby annulé faute d’électricité sur son terrain de Bandraboua, « un simple manque de communication entre les fédérations de rugby et de foot », assure le maire, il rappelle qu’il n’est toujours pas propriétaire de l’infrastructure dans laquelle il ne peut donc pas investir dans des tribunes, des vestiaires ou des sanitaires.
Une situation figée depuis plusieurs années qui s’explique par l’inscription de son terrain de sport, comme beaucoup d’autres, au patrimoine du SMIAM (Syndicat mixte d’investissement et d’Aménagement de Mayotte), en phase de liquidation depuis deux ans.
Justement, il nous informe que le SMIAM a délibéré il y a quelques semaines en sa faveur, mais qu’il faut un accord du conseil départemental. Nous nous sommes tourné vers le syndicat pour y voir clair, faute de nouvelles depuis que le liquidateur en avait claqué la porte.
Compétences d’un bureau d’études
Hidahya Mahafidhou, la présidente du SMIAM, nous informe du recrutement en cours d’un bureau d’étude, « car la liquidation, je ne sais pas faire ! » Le chantier est énorme.
Le SMIAM avait deux missions : construire des écoles pour les communes et des équipements sportifs pour le conseil départemental. Il collectait la dotation de 10M€ de l’Etat, qui a vu rouge en 2013 où une seule classe est sortie de terre. L’arrêté de dissolution a été pris illico par le préfet, et le SMIAM a voté une délibération pour allouer à chacun son dû.
« Tout ce qui était achevé, écoles comme équipements sportifs, était rétrocédé aux communes, seuls les équipements sportifs en cours de construction étaient remis au conseil départemental », rapporte celle qui a été élue au moment de la dissolution du syndicat en mai 2014.
Le terrain de Bandraboua était à cheval entre les deux, une partie étant terminée, mais une 2ème tranche toujours à l’étude. Le maire ayant les financements, la rétrocession il y a quelques jours par le SMIAM n’attend plus que l’aval du CD.
Qui va à la chasse…
Quant au SMIAM, il fallait réintégrer le personnel détaché par les mairies, « dossier que j’ai bouclé dans les 6 mois suivant mon élection comme me le demandait le préfet », répond Hidahya Mahafidhou. La mésentente entre les élus et le liquidateur n’a pas permis d’avancer, « il n’a fait que localiser le patrimoine, mais il reste à l’évaluer. » C’est à dire connaître le nombre de titres, leur valeur, etc. « Fin 2016, un arrêté préfectoral nous a demandé de reprendre la liquidation ».
Le SMIAM doit faire acte de rétrocessions de terrains où devaient fleurir des écoles ou des gymnases, et où entretemps se sont construites des cases en tôles, « devenues maison en dur ou des commerces, comme sur les hauteurs de Kawéni », ou bien doit gérer des conflits sur du foncier ne lui appartenant pas mais où il a pourtant construit des équipements…
Un travail complexe que la présidente veut remettre entre les mains d’un bureau d’étude, « qu’il faudrait scinder en deux : une partie qui évalue le patrimoine, le foncier et les bâtiments, et l’autre la liquidation de la partie financière. »
Abandon de poste des élus communaux
Le syndicat est encore endetté, notamment avec un prêt AFD, « nous le remboursons grâce à la cotisation des communes jusqu’à la liquidation constatée. »
Les dossiers les plus faciles à rétrocéder aux communes ou au conseil départemental, feront partie de la 1ère étape, pour le reste, certains se règleront devant les tribunaux, d’autres seront peut-être remis à l’Etablissement public Foncier, « dont nous attendons la mise en place ».
Les élus du bureau ont fini d’ouvrir les réponses à l’appel d’offre, « le bureau d’étude sera retenu la semaine prochaine. » Elle attend du coup une meilleure implication des élus communaux qui, hormis les membres du bureau, n’ont plus remis les pieds au SMIAM, en dehors de Ramlati Ali, ancienne maire de Pamandzi, depuis le vote de la dissolution, donc depuis qu’ils n’y ont plus d’intérêt, il est vrai qu’ils ne touchent pas d’indemnités… Ils sont pourtant désignés par leur maire. « Du coup, nous n’avons jamais le quorum, ce qui force à reconvoquer, et donc une perte de temps. »
La présidente doit les convoquer pour leur présenter le bureau retenu la semaine prochaine.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte