Coïncidence… Le lancement de la Station d’épuration (STEP) du Centre, avait lieu en même temps que le Comité sécheresse à une vingtaine de kilomètres de là, en Petite Terre.
La première pierre de l’ouvrage a été posée truelle en main, par Moussa Mouhamadi Bavi, le président du Syndicat de l’Eau et de l’Assainissement de Mayotte (Sieam), et les trois maires des communes concernées, Anchya Bamana pour Sada, Ali Ahmed-Combo pour Ouangani et un adjoint au maire de Chiconi. Leur ont prêté main forte le député Ibrahim Aboubacar, originaire de Sada, et le président du conseil départemental Soibahadine Ramadani, à la tête du canton de Ouangani.
La cérémonie a commencé avec une heure de retard, il s’agissait d’attendre le président du Sieam, par les discours des trois élus communaux. La Station d’épuration (STEP) va s’ériger sur un terrain de 10.000 m2, informait Ali Ahmed Combo, « merci aux propriétaires qui l’ont cédé. » Ce fut même l’histoire d’un mandat entier, nous expliquait le délégué de Ouangani au Sieam, « que nous avons commencé avec Maoulida Soula (le défunt ex-président du Sieam), avec de multiples échanges de foncier auprès des différents propriétaires. »
Moins de 10% d’habitants raccordés à la STEP de Dembéni 6 ans après
Un ouvrage qui devrait permettre de s’aligner peu à peu sur la législation européenne, soulignait Anchya Bamana, « et surtout un pas vers un développement touristique des villages. » Des travaux qui devraient demander 2 mois de préparation avant un lancement effectif, selon le mandataire Vinci Environnement, et que Bavi annonçait bouclé pour le 20 mars 2018, à la surprise générale. « Je vous donne rendez-vous pour l’inauguration à cette date, nous allons travailler simultanément sur le réseau de raccordement. »
Il n’a pas tort de s’y lancer dès aujourd’hui, car, comme le disait Anchya Bamana, « la phase de connexion vers les administrés va être une prouesse technique vue l’organisation anarchique de nos villages ».
La Station d’épuration de Dembéni est la preuve qu’il ne faut pas vendre la réussite de la connexion avant d’avoir tué les problèmes connexes. Inaugurée en 2011, son taux de raccordement se situe toujours entre 5 et 10%. C’est à dire que les habitants de la commune paient la taxe sur l’assainissement, mais ne peuvent pas profiter de la magnifique infrastructure pour évacuer leurs eaux usées.
Communiquer sur l’intérêt du raccordement
La raison principale est le blocage du poste de pompage, situé entre Dembéni et Iloni, depuis 3 ans. Entre un problème technique d’une roche qu’il a fallu casser, puis financier, personne n’en est encore venu à bout.
Mais il s’agit aussi de convaincre les habitants de se raccorder, « il faut communiquer », avait été le mot d’ordre du syndicat à l’époque. Convaincre de l’intérêt de financer le raccordement pour envoyer ses eaux sales vers la STEP, « je préfèrerais qu’on n’alloue pas au Sieam de subvention d’équilibre, mais qu’on aide financièrement les habitants à se raccorder », confie un cadre qui travaille depuis 7 ans sur ce dossier.
Sur ce futur ouvrage de Ouangani, le partenariat avec l’Etat a été salué par la maire de Sada, « une mobilisation sans faille pour l’obtention des financements nationaux et européens. » Le financement se monte à 18,76 millions d’euros, soit 10,76 millions d’euros pour la STEP, études y compris, et 8 millions d’euros pour le raccordement.
La Station de l’Usine sucrière
Le marché a été remporté par le groupement Vinci Environnement, comprenant Sogea Mayotte, pour le terrassement et les voiries, et SMTPC pour le Génie civil. Le Sieam avance 15% du financement de la station de traitement par le biais du Fonds de compensation à la TVA, remboursés dans deux ans, l’Office national de l’eau (ONEMA), 35,69%, même proportion pour le FEDER, et le Contrat de projet Etat-Région, 13,62%.
La STEP est conçue pour traiter les eaux usées de 45.000 habitants, dont 15.000 lors de la 1ère tranche de travaux. Le procédé utilisé de Boue Activée de type UNITANK, est conçu pour accompagner une montée en puissance, une prise en compte intelligente des difficultés de raccordement du territoire.
« Lors de la 1ère étape de prétraitement, les déchets supérieurs à 2cm ainsi que les graisses seront écartés, ensachés puis évacués par la filière déchets », explique le représentant de ENTECH qui en a la maitrise d’œuvre.
Les effluents poursuivront leur circuit vers un sas doté d’une grille plus fine, puis seront laissés à la décantation et au traitement dans plusieurs bassins successifs. Les boues du fond seront envoyées sur des lits de séchage, puis expédiées dans un centre agréé. Après filtration et traitement aux UV, les eaux traitées par la STEP, seront rejetées dans le milieu naturel via la rivière Mro Oua Coconi, avant de rejoindre le lagon : « Un procédé simple d’utilisation qui garantit des eaux propres. »
Les vestiges de l’usine sucrière, « qui va donner son nom à la Station », seront exposés à l’entrée, « accompagnés de pancartes explicatives. »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte