L’émotion à Mayotte après le décès de Xavier Beulin, le président de la FNSEA

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Xavier Beulin
Xavier Beulin et Laïni Mogné-Mali, en février 2016 à Mayotte
Xavier Beulin et Laïni Mogné-Mali, en février 2016 à Mayotte

A quelques jours de l’ouverture du salon de l’agriculture à Paris, la disparition brutale de Xavier Beulin, le président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) a assommé le monde agricole. C’est vrai en métropole, c’est également le cas en Outre-mer. «Il voulait profiter du passage des candidats à l’élection présidentielle sur le salon pour porter notre vision de l’agriculture et les intérêts des agriculteurs, y compris ceux de l’Outre-mer», explique Laïni Mogné-Mali, la présidente de la FDSEA à Mayotte. «Cette annonce m’a complètement dévastée. C’est quelqu’un de très important qui est parti, de très engagé. Il aimait beaucoup travailler pour les Outre-mer».

Xavier Beulin était venu à Mayotte en février 2016, pour dresser un diagnostic sur le secteur agricole dans notre île. Celui que la presse nationale présentait comme une «influent syndicaliste (qui) tire en toute discrétion les ficelles de l’agro-industrie française», voulait trouver les pistes pour mener notre agriculture vers un véritable développement.

Il portait donc un regard sans concession sur les blocages de la filière. «Il réfléchissait aux solutions à apporter face à toutes les violences que subissent les agriculteurs à Mayotte. En métropole, il existe une convention avec la gendarmerie qui permet aux forces de l’ordre de circuler sur les exploitations pour apporter de la sécurité. Il voulait convaincre les autorités de transposer ce dispositif à Mayotte», indique Laïni Mogné-Mali.

Un regard neuf

Il avait également rencontré le cabinet du président du département pour évoquer les questions foncières qui empêchent les jeunes agriculteurs de notre île de s’installer. «C’était la première fois qu’il venait à Mayotte et il avait un regard neuf sur beaucoup de sujets», se souvient Laïni Magné-Mali.

Xavier Beulin
Xavier Beulin

Sur le portage des dossiers européens, il évoquait ainsi la création d’un «Fonds de caution mutuelle», un dispositif pour rassurer les banquiers, en attendant l’arrivée des aides nationales et des financements européens. Mise en place la Mutuelle sociale agricole, formations, autonomie financière des agriculteurs… Les sujets qu’il avait ouverts étaient aussi nombreux qu’importants, face à des décideurs rarement en première ligne sur les sujets agricoles.

«Il avait fait beaucoup de travail sur des questions très importantes et il devait revenir prochainement pour porter des propositions concrètes. Quand il disait ‘je vais vous aider’, il tenait toujours ses engagements».

Un géant qui aidait les petits

Si Xavier Beulin était à la tête d’un géant du secteur agricole français, le céréalier Sofiprotéol (Lesieur, Puget, œufs Mâtines…) et ses 7 milliards d’euros de chiffre d’affaires, il savait l’importance de la petite agriculture, particulièrement dans les territoires insulaires. A Mayotte, il avait été surpris par le monde agricole, 10 ans après la première visite qu’il avait effectué dans notre île.

Xavier Beulin à Mayotte en février 2016
Xavier Beulin à Mayotte en février 2016

«Un point important: les agriculteurs sont beaucoup plus impliqués, notamment grâce à Laïni Mogné-Mali et son équipe», avait-il expliqué au JDM. «Une agriculture qui nourrirait les 300.000 bouches du territoire serait une valeur ajoutée considérable. Mais pour cela, il faut qu’on accompagne ces agriculteurs», disait-il alors.

Charisme

«Avec lui, nous avions un contact humain particulier. Il inspirait l’amitié. D’ailleurs, il vient de sortir un livre («Notre agriculture est en danger») et il avait annoncé que les bénéfices seraient reversés à des associations qui aident les plus démunis. Pour tous ceux qui ont passé du temps avec lui, c’est un choc», précise Laïni Mogné-Mali.

La tristesse se double aussi d’une inquiétude. Au niveau national, il va désormais falloir trouver un autre visage, simple et charismatique, pour porter tous ces sujets. «J’ai peur que ça prenne du temps…», se désole la présidente locale du syndicat agricole.

RR
www.lejournaldemayotte.com

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