Nathalie Costantini, la vice-recteur de Mayotte, s’inscrit dans le droit fil de la volonté de la ministre Vallaud-Belkacem de prolonger la durée de la scolarité jusqu’à 18 ans. Si sur le plan national, la mesure n’en est qu’au stade de velléité, dans les 5 DOM elle est figée dans la Loi Egalité réelle, « au titre d’expérimentation, c’est à dire pour trois ans maximum », explique-t-elle au JDM.
Les Outre-mer vont donc servir de test, pour tenter d’endiguer la sous-qualification de ses demandeurs d’emploi au regard des standards métropolitains. A Mayotte, cela ne devrait pas changer grand chose, beaucoup de jeunes étant encore scolarisés même au delà de 18 ans. Mieux, on sait que de nombreux élèves sans papier ne sont plus « protégés » par la scolarité obligatoire à 16 ans, alors qu’ils sont en cours de cursus : « Cela va offrir plus de temps à tous les élèves en échec pour aller jusqu’à la qualification », se réjouit la représentante de l’Education nationale.
Abrité par la Cité du nord
Qui annonce, dans cet esprit d’insertion, ou plutôt de prévention du décrochage scolaire, l’ouverture prochaine d’un lycée de la 2ème chance à la Cité du Nord : « Lors de son lancement il y a deux ans au lycée Bamana, nous avions 50 demandes, nous en avons eu 250 cette année, des élèves très motivés. Nous décentralisons pour éliminer le problème des temps de trajets. »
Le lycée de la 2ème chance propose à tous ceux qui, âgés entre 18 et 26 ans, ont échoué deux fois au Bac ou au BTS, de retourner sur les bancs de l’école.
Pas question de considérer cette seconde chance comme un cache-misère de situations administratives chaotiques, puisque Nathalie Costantini rappelle le taux de réussite, de 57% d’obtention du diplôme en 2016, en grande majorité le Bac, et quelques BTS. C’est à dire que prés de 6 élèves sur 10 vont pouvoir rebondir, là où ils auraient été en échec complet.
Rentrée scolaire pour les 2 ans
Le véritable enjeu pour Nathalie Costantini, également inscrit dans l’expérimentation de la loi Egalité réelle, c’est la scolarisation des 3 ans : « Il faut faire évoluer les mentalités. A Mayotte, les familles ne mettent les enfants à l’école qu’à 6 ans, lorsque c’est obligatoire. »
Elle compte innover en allant plus loin, « scolariser dès 2 ans », là encore un ancien engagement que le gouvernement comptait mettre en place dans les zones d’éducation prioritaires. Osé à Mayotte quand on connaît les pénuries de salles de classes, rappelé par le SNUipp dans un communiqué qui disait sa vigilance en cette période pré-électorale, « chacun devra surtout démontrer sa capacité à résorber le déficit de salles de classe », qu’il chiffre à 385.
Pour Nathalie Costantini, « il faut un électrochoc », car elle a un objectif en tête, « impliquer les parents qui devront nous accompagner dans cette ouverture aux 2 ans. Plus on commence tôt, plus le panel de vocabulaire est étendu. » Une classe expérimentale pourrait être ouverte rapidement, la commune de Chirongui semble présenter les garanties recherchées.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte