Voyager à bord d’un catamaran dans toute la région sur des lignes régulières… Le projet peut sembler un peu fou alors que, hormis le Maria Galanta dans notre archipel, toutes les tentatives pour créer un réseau maritime pérenne à l’échelle régionale ont toujours échoué. Et pourtant un entrepreneur réunionnais relève le défi. Dès le mois de septembre prochain, il entend lancer un aller-retour quotidien entre La Réunion et Maurice pour 119 euros. «Cruise Line», c’est le nom de ce nouveau service, proposera ce trajet grâce à un catamaran pouvant accueillir 500 passagers.
La liaison entre ces deux îles fait un peu plus de 200 km et pour voyager par la mer, il n’y a actuellement que des cargos mixtes mauriciens mais pas de ligne maritime régulière, les Mauriciens ayant abandonné la desserte. Ces échecs successifs avaient essentiellement pour cause l’inconfort des traversées… Les prix modérés qui étaient proposés ne parvenaient pas à compenser le mal de mer qui s’abattait sur les passagers à peine franchies les passes des ports.
500 passagers
Yvès Claude Hoarau pense avoir trouvé la parade. Ce chef d’entreprise n’est pas marin. Ses différentes sociétés sont spécialisées dans la récupération des déchets médicaux et le reconditionnement des batteries usagées. Quand il s’est intéressé à la question des traversées maritimes inter-îles, cette question de l’inconfort des traversées ne lui a pas échappé. «Ce projet nous y réfléchissons depuis six ans», confie Yvès Claude Hoarau, à nos confrères de la presse réunionnaise.
«Nous l’avons bâti sur des bases totalement différentes des tentatives précédentes. Bien sûr, il nous faudra au départ vaincre les a priori mais nous sommes certains que nous serons en mesure de proposer des traversées confortables dans les deux sens». Le type de navire choisi permettra de faire voyager 500 passagers et d’embarquer 200 véhicules et 50 conteneurs.
Un premier bateau loué
Cruise Line a déjà dépassé le stade du projet. «Nous ne vendons pas du rêve. Nous allons répondre à une demande», affirme Yvès Claude Hoarau. «Nous sommes passés à la réalisation concrète il y a deux ans. Dans le tour de table de la société, on trouve des investisseurs réunionnais, mauriciens et malgaches.»
Dans un premier temps, le bateau sera loué. Il est actuellement en Europe. «Cruise line» prévoit l’embauche de 150 personnes, 80 à la Réunion et 70 à Maurice. Quant aux billets, ils seront mis en vente à partir de juin dans le réseau des agences de voyages et sur un site internet à la Réunion et à Maurice. Et si le prix annoncé est de 119 euros, il pourrait baisser en fonction du coefficient de remplissage. «Les liaisons seront quotidiennes dans chaque sens et le temps de traversée sera d’environ quatre heures», promet l’entrepreneur.
Une flotte régionale
Cruise Line ne se pose pas en concurrent de l’aérien mais promet une offre complémentaire. «Nous allons attirer une clientèle qui ne voyageait pas au départ de la Réunion comme de Maurice à cause du prix», analyse Yvès Claude Hoarau. «Les tour-operators pourront bâtir des produits incluant le transport et des séjours dans une île ou dans l’autre.»
Le chef d’entreprise n’entend pas se limiter à l’axe Réunion-Maurice. «Ce navire n’est qu’un début», confirme-t-il. «Nous espérons bâtir une flotte de sept unités. Ce projet s’inscrit dans la démarche de la Commission de l’océan Indien et des Iles Vanille visant à développer les échanges entre les îles.»
Yvès Claude Hoarau veut donc développer des liaisons avec Madagascar mais aussi Mayotte, les Comores, les Seychelles et pourquoi pas les ports de la côte est africaine. Il se donne 5 ans pour se déployer dans toute la région.
RR
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