« Le temps est venu de dépasser ce que j’appelle « l’infantilisme » mahorais, ce complexe d’infériorité qui consiste à croire que le meilleur vient toujours de l’extérieur et que ce qui est local est forcément mauvais ou insuffisant », introduisait le président Soibahadine avant de rajouter, « je suis donc de ceux qui pense qu’il faut accroitre notre capacité de compter sur soi et d’avoir confiance en soi. » Il s’agissait donc d’installer en grand comité, le nouveau DGS au département.
Une pression importante donc sur les épaules de celui qui a laissé il y a quelques jours son siège à la mairie de Pamandzi, mais qui peut aussi se révéler être un atout en fédérant des troupes autour de lui, qui auront envie de prouver la réussite de compétences locales.
Il ne fait pas dans le démonstratif Mahafourou Saïdali, et le regard qu’il pose sur vous peut sembler… sévère. Mais son parcours semble sur mesure pour ce poste, et surtout, incline à penser qu’une ère de rigueur s’annonce au conseil départemental. N’est-il pas le seul maire à avoir proposé le gel de l’indexation pour ne pas alourdir la masse salariale à Pamandzi ?!
Un parcours de redresseurs de torts budgétaires
Ancien contrôleur de gestion du conseil général, c’est lui qui y a mené en 2009 les travaux de restructuration financière en partenariat avec la préfecture, l’AFD et le ministère des Outre-mer. C’est encore lui qui a rendu l’audit organisationnel en septembre 2015, qui a conduit à la réorganisation de l’administration sous l’actuel exécutif, et au Plan d’actions de décembre 2015. Enfin, il a assuré 3 mois d’intérim de DGS de Mohamed El-Amine, « mon ami parti en pèlerinage, lui même intérimaire à ce poste en cette période de latence, tout en assurant sa charge de DGA », soulignait le président.
La route tracée par la majorité du conseil départemental, est la mise en place du Plan de mandature 2015-2021, qui se décline en trois axes : le renforcement de la capacité institutionnelle, le rééquilibrage territorial, en rajoutant un 3ème pôle de développement économique au centre de l’île, et la candidature de Mayotte aux Jeux des Iles de l’océan Indien en 2023. Ce Plan avait longuement été détaillé par le président dans son discours de politique générale lors de ses vœux.
Organigramme et Plan d’investissement made by Mahafourou
Et le nouveau DGS se l’appropriait et dépassait même le président en donnant son interprétation : « Il faut transformer ce Plan de mandature en projet administratif cohérent. » L’organigramme, qui n’a heureusement pas encore été publié, sera modelé à son idée, « il devra s’adapter aux deux missions de notre collectivité : celle de département, ajouté au bloc de compétences d’une région. » Mayotte n’ayant jamais encore véritablement effectué de partage des tâches depuis son statut de collectivité unique en 2011.
Les autres grands défis pour lui, sont l’investissement et la formation : « Ma première préoccupation sera de valider le plan de formation pour l’adapter à nos missions. Il va donc falloir dégager un effort d’investissement, et donc revoir le Plan Pluriannuel d’Investissement pour l’adapter aux orientations nouvelles. »
Organigramme, Plan d’investissement… Il façonne à la mesure des actions qu’il va mettre en place. Un vrai job de DGS.
De gros dossiers à défendre auprès du futur gouvernement
Il va devoir s’atteler à l’application des évolutions liées aux engagements Valls et entérinées par la Loi Egalité réelle, et continuer à revendiquer ceux qui n’ont pas été tenus comme l’énumérait le président du CD : « L’abandon des créances fiscales de 32 millions d’euros en 2013, la compensation des 30 millions d’euros du RSA, le transfert de compétences sur les PMI, revenir sur l’année 2013 comme référence de la transition fiscale », mais aussi « la mobilisation optimale des crédits européens. »
Car le conseil départemental veut être prêt à relever le défi d’assurer l’autorité de gestion des fonds européens à l’horizon 2020. « Par mon action, je veux veiller à la maîtrise des dépenses tout en donnant aux services les moyens de fonctionner, et une représentation sérieuse et responsable vis à vis de nos partenaires », concluait Mahafourou Saïdali.
Il compte pour cela sur le soutien des agents, dont l’intersyndicale menace toujours d’un mouvement social* en raison de ce qu’elle appelle « une politique clientéliste de gestion des ressources humaines », mais qu’il appelle à se mobiliser individuellement pour un objectif : « Faire réussir Mayotte. »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
* L’intersyndicale nous fait savoir que « en raison du report de la date de l’arrivée de la ministre des Outre-mer, et des conditions météorologiques, la manifestation du 9 mars au CD est annulée. » Par contre, l’intersyndicale demande toujours audience à la ministre « pour la sensibiliser sur la crise de services médico-sociaux, et la faillite du secteur public »
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